Elle disait que ça sentait
La fleur fanée ou la friture
Elle disait que la pluie
Picorait le carrelage
Elle disait que la nuit
Emplissait sa bouche
Comme une bolée
De goudron brûlant
Elle disait que son sang
Pulsait à la vitesse
D’un oiseau fusillé en plein vol
Elle disait que sa langue
Avait le goût de l’éponge
Elle disait que sa voix
Etait une sorte de murène
Qui lui faisait peur
Elle disait que rien
Ne pourrait interdire
A l’obscurité de colmater
Ses multiples orifices
Elle disait que son souffle
Etait iné-
Puisable elle disait
Que jamais jamais jamais
Elle ne laisserait
Le froid l’envahir
La réduire à une poupée
Bourrée de paille
Elle disait qu’on la regardait
Passer dans la rue
Elle disait que les chiens
Aboyaient sur ses talons
Elle disait que les murs
Hurlaient dans son dos
Elle disait : — Je suis folle !
Avant de rire en pleurant
Elle disait qu’elle était
Fatiguée si fatiguée
Elle disait que les rues
Etaient si longues pour ses forces
Elle disait que ça sentait
Depuis toujours la fleur rance
Beautifull and strong. (Pas un seul commentaire ? Mais où sont les gens ?)
RépondreSupprimerUn poème où les dires assénés de la protagoniste, très colorés, dessinent un portrait vivant riche en couleurs, riches en douleurs.On l'imagine marchant dans la rue , l'illuminée ; clocharde, parée de vêtures bariolées, meuglant, en un soliloque sonore, ces malheureuses affirmations.Ces dires la plante , au littéral comme au figuré, ils sont ces exorcistes pour révéler ses angoisses et les conjurer. Elle avance telle une frégate à la dérive, dans la rue comme dans son délire riche d'un langage métaphorique et poétique qui pourrait la transformer en « clocharde céleste ». Mais Pittau n'est pas Kerouac, les utopies ne sont pas sont truc. Lui , il va débusquer la souffrance jusque dans les replis de la folie. Sa folle vitupère, combat ses dragons mais elle rie et pleure. Elle dénie l'obscurité qui l'envahit mais elle se révèle asthmatique, plus proche de l'embolie que d'une embellie de vie. La construction du poème qui interpelle est parfaitement huilée, elle forme un cadavre exquis qui pourrait être dit à plusieurs voix. Le chœur des crabes...Brrrrrrrrr !
RépondreSupprimerles gens ont besoin du fil pour se retrouver là, je l'ai trouvé, et je resterai. J'aime beaucoup.
RépondreSupprimerIls sont sur les pistes de ski, les plages de Normandie, les bateaux de croisière, bref, ils se baladent ailleurs.
RépondreSupprimerVous avez bien raison, les utopies ne sont pas vraiment mon truc, c'est vrai.
RépondreSupprimerMerci, lutine. :)
RépondreSupprimerDéchirant !
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