dimanche 19 mars 2017

Coupe Sombre

«Ça déboise ferme dans les rangs des morts-vivants»
m’a-t-il dit en se servant du café
dans une vieille tasse fendillée comme une peau
de lézard— je n’en ai pas voulu de son café—
je n’en bois plus jamais depuis cet après-midi
dans la forêt des songes
depuis ces heures dans la forêt des cauchemars
quand la mort est venue en visiteuse
tâter mon pouls d’un doigt circonspect puis s’en aller
d’un pas nonchalant

Il me regarde du coin de l’œil un demi-
sourire sur ses lèvres pâles
il a posé sa tasse sur la table basse
où les cercles s’entrecroisent
comme autant de lunes vides

«Ça déboise ferme» dit-il encore
avant de se masser le ventre et de me dire
que les jours deviennent de plus en plus courts
et qu’il faudra penser à remplir les valises
ou à les vider— ça dépend de ce qu’on veut

Je lui dis qu’il va bientôt pleuvoir
— comme d’habitude.

2 commentaires:

  1. Coupe sombre décoiffe par le traitement allégre de son théme morbide. Il chantonne. ..

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