Ce n’est pas la rumeur
Craintive des animaux de la nuit
Ce n’est pas la voix de la brise
Dans les arbres
Ce n’est pas le grondement des
Eaux
Du torrent tout proche ce
N’est rien de tout cela
C’est un hurlement
Échappé de son ventre
A la vue du soleil
Dressé
Tel un verre de vin
Au-dessus des cimes
Frisées comme des têtes d’enfants
Une immense vigueur
S’était emparée de lui
Avait envahi son corps
De la racine jusqu’aux cheveux
Comme une source
Brûlante
Et il avait laissé le
Flot se répandre
Par sa gorge
Avant de s’affaler
Sur l’herbe encore fraîche
Et mouillée
Un autre jour s’avance
Sur ses épaules
Plonge dans sa chair
Et la triture et la fouaille
De ses mains rudes
Enserre sa poitrine
Dans une poigne plus puissante
Que son propre souffle
«Saleté pourriture de temps
Écailles de merde sur mes yeux»
Marmonne-t-il dans sa barbe
Crasseuse et drue où courent
Les poux et les morpions
Qu’il n’essaie plus d’écraser
Entre ses gros doigts
Usés
Tandis que le monde
S’éveille il s’abandonne
À la réconciliation
Des battements de son cœur
Avec la pulsation de la lumière
Sur les futaies endormies
Et il présage déjà
La courte rumination des heures
Qui le mèneront jusqu’à la
Nuit
Des accents quasi hugoliens ! Je les entends.
RépondreSupprimerUn travail de versification ciselé pour offrir, au final, l'expression d'une violence à l'état brut, réussir à en faire ressentir le souffle. Les mots , leurs sens n'ont guère d'importance, ils participent, par leur disposition à traduire l'épopée quotidienne de l'homme dans son combat sans issue pour se gorger d'énergie diurne et affronter les ténèbres nocturnes. Sa souffrance viscérale, son hurlement vital nous cognent à la gueule...Ce tableau est une épure, il montre un état de bête blessée,mortellement, et son ardente envie de vivre...Tout le reste est péripétie. L'allégorie percute parce que nous avons subi ou avons vu subir des états identiques. Il suffit d 'aller faire un tour dans un service d'urgence pour en sortir halluciné. Ce poème hallucine, il sort du confort des jours indolores pour confronter à l'acre combat contre la mort.
RépondreSupprimerHugoliens ? Comme vous y allez... merci de me lire en tout cas.
RépondreSupprimerMerci, m'sieur Verroust, vos commentaires sont toujours intéressants à lire.
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