Un poids invisible la
Déhanche la jette
Sur la droite
Telle un oiseau fusillé
Traînant la patte
Dans la poussière
Du terrain d’épandage
Dont l’odeur est ronde
Comme une orange flétrie
D’une main sèche et luisante
Elle relève le gris de
Ses cheveux découvre son
Front lisse ses sourcils
Epais et ses yeux
Transparents comme des gouttes
D’eau
Elle s’arrête saisie
D’un long frémissement
A mesure que l’insecte
Caparaçonné creuse et creuse encore
Son chemin
Au fond de son ventre
Lui triture les entrailles
Lui arrache de petits cris
Et la fait jouir à se
Pisser dessus
Ensuite elle sourit regarde à
Ses pieds la terre s’as-
Sombrir sans prêter
Une seconde de son souffle
Aux piaillements qui
Meurent derrière le dos
Fumant de la colline
Survolée par des mouettes
Sales
Espèce de peintre génial, va ! :)
RépondreSupprimerJ'ai adoré l'alliance entre le terrain d'épandage et l'odeur ronde, j'avais le mot "orange" déjà en tête en lisant le vers suivant. Trop fort ! Je ne sais pas si c'est l'alliance entre le "ro" de ronde et le mot "épandage", mais c'est assez épatant.
Quel talent, ce Pittau, tsss ! ;)
Oh, t'exagères, Sophie mais bon, ça me fait plaisir.
SupprimerUn poème pas piqué des hannetons...Francesco Pittau se transforme en égoutier du plaisir sexuel . L'action se déroule dans un terrain d'épandage. La femme a une petite bête qui monte, qui monte....jusqu'à lui procurer une excitation si intense que se déclenche un tropisme d'ondinisme. La femme s'accorde un laisser pisser qui lui procure une satisfaction souriante, sans doute la chaleur du liquide, le spectacle de la petite mare à ses pieds, l'interdit dépassé, une jouissance retrouvée.Mine de rien, avec un franc parlé modulé par des métaphores elliptiques pleines de poésie mais sans tourner autour du pot, FP aborde un sujet tabou, l'explosion d'un plaisir chez une personne âgée, au besoin par la déviance, le rapport aux excrétions. Le poème cogne, surprend, déclenche une forme de sympathie amusée. Le terrain est préparée, les mots soigneusement semés, une boiteuse, oiseau fusillé, aux cheveux gris, description qui sollicite notre compassion, avance sur le terrain d'épandage « à l'odeur ronde ». Cette odeur ainsi que l'humeur aqueuse de ses yeux introduisent le jet urinaire....Le terrain d 'épandage est au pied d'une déchetterie. L'acte est « sale » mais il est humain et rien de ce qui est humain ne peut rester étranger à Francesco qui décrit sans juger....Il a le talent, à travers un sujet scabreux qui ne manque pas de drôlerie avec ce scarabée fouisseur et le plaisir assumé de la femme, de peindre des états occultés de la condition humaine, à raz terre . Une élégante mais drue manière de nous dire que la réalité dépasse la miction...et le vernis des conventions.Du bel ouvrage, à la glaneuse se superpose la pisseuse.
RépondreSupprimerMerci, m'sieur Verroust... toujours des commentaires abondants et précis.
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