L’étreinte de la pluie
S’éternise
Sur ce monde
De saulaies
De têtards
De draps détrempés
De blés gris
Et de ruisseaux boueux
Dont les plis glissent
Sur les piles
Des ponts qui jouent
À saute-mouton
Dans la nuit
Dépeuplée
Le vent seul
Parle aux chevaux
Oubliés
Le vent seul
S’égratigne aux troncs
Noircis
Le vent seul
Cisaille
Le vent seul
Caresse
Le vent seul
Pose ses lèvres froides
Sur le poignet
Entre manchette et gant
On se voudrait
Soluble sous la pluie
Poignée de sel
Qui se mêle à la fange
Aux gargouillis
De la terre
On reste sans bouger
Fouetté
Cinglé de gifles humides
La bouche oblitérée
La langue engourdie
La tête sidérée
Par le sommeil
Qui fuit toujours plus
Loin
Avec entre ses mains
L’ultime battement
D’un songe
samedi 9 novembre 2013
L'Épouvantail
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La facture de ce poème, son ton, son rythme tranquille, sa musicalité prégnante donne envie d'y répondre par un autre poème ou de se l'approprier, de devenir cet épouvantail , de se faire eau, de se laisser dissoudre au delà de la fatigue, juste partir avec entre ses mains « l'ultime battement d'un songe » . La fusion de la pluie et du vent semble couler , naturellement, offre un abri poétique, ramène à la matrice de terre, de boue, de vent et d'eau dont nous sommes issue . Cette composition est détendante. Mais, ici le mistral a décidé de se faire TGV, les chevelures en broussaille des oliviers sont secoués, dépoussiérés dans un concert Rock and roll, , les pins maritimes , gentlemen dressés craquent aux jointures . Un arbre a chu sur la voie ferrée, un autre a heurté un poteau qui s'est rattrapé au mur d'une habitation. Les giboulées ont mitraillé les tuiles et les feuilles d'or automnales. Les bourrasques ont laissé des courants d'air qui circulent dans la maison, virevoltent sous les vêtures . A l'autre bout du monde le vent s'est fait tornade, vents et pluies ont moissonné comme la mitraille en Somme.... il faudra revenir savourer ce poème pendant de plus calmes intempéries.
RépondreSupprimerTant de fougue, m'sieur Verroust ! ça fait plaisir à lire.
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