vendredi 4 juillet 2014

On dirait l'aube

Sous la pluie des brouillards l’île a poussé au loin
lourde et silencieuse nimbée d’oiseaux et de clartés hésitantes

Sur le pont gras et glissant les voix éclatent en bribes
et les rires  retombent comme des drapeaux détrempés

Les mains sur la lisse dont la peinture cloque sous la rouille
on cherche du regard la silhouette qui s’affirme et s’enfuit

C’est un presque jour c’est une presque nuit
l’heure indécise s’accroche aux paupières lasses

C’est la mer qui embaume c’est l’écume qui fristouille
avec l’espoir de résister encore au temps qui pleut

On voudrait la terre et l’on voudrait la mer
on voudrait le vent de la vague et la paix des montagnes

Le port tend ses bras minces à travers l’impalpable
épaisseur des respirations assemblées

Tandis que le monde tourne lentement autour du navire

2 commentaires:

  1. « Le murmure de la langue maniée façon Pittau » donne un sentiment d'imprégnation , de fusion avec l'environnement , un sentiment nonchalant, rêverie semi éveillée, fatiguée entre deux eaux. Ce moment indécis dissous par les eaux, le brouillard, la pluie érode jusqu'à la volonté qui cherche à s'évader vers des ailleurs moins vaporeux , « la paix des montagnes » « le vent de la vague », » on voudrait la terre, on voudrait la mer ». La rythmique du poème, sa musicalité, étirée, lancinante, donne un léger vertige, un petit mal de mer, « le monde tourne,lentement, autour du navire. » «  L'écume ne fristouille pas ,suffisamment, pour mobiliser la conscience, réveiller le passager. Étonnement, ce poème très naturaliste, peint au plus près des ressentis presque saumâtres, en correspondance avec l'approche glauque d'une île à l'aube d'une nuit de veille, me donne un sentiment d'abstraction, la transcription picturale d'un état d'âme dont le sujet n'est que le support prétexte. Continuez à fristouiller vos fricassées poétiques, monsieur Pittau, elles font, en nos marécages, resurgir des sensations « poétiquement pas correctes » loin des discours distillés, faussement merveilleux, des magazines de papier glacé, glaçants…curieusement , à vous lire, j'ai pensé à l'ouvrage de Patrick Deville « Peste et choléra » consacré à Alexandre Yersin. Peste !

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  2. Vous dites Patrick Deville ? Je le note. Je ne connais pas du tout. Merci.

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