mardi 1 juillet 2014

Florence

Entre les hennissements muets des chevaux de marbre
entre les femmes drapées tenant du bout des doigts une pomme
entre les murs pavoisés et les dômes clinquants
entre l’odeur des melons et celle des liqueurs de café
entre le temps éparpillé en confettis brûlants
le vent chaud se tenait accroupi sous les bâches rayées

Les cris montaient de partout en aigrettes légères
et les pigeons alourdis du sommeil des hommes
roulaient du gravier dans leur jabot luisant
tandis que tes pas allaient vers les places lumineuses
où les fripes se réjouissaient d’être seules et nues
dedans comme des gants abandonnés

L’espace s’élargissait à la démesure du regard
tu chantonnais en évitant les tomates blessées
et les eaux qui embaumaient le chou fleur
tes yeux traînaillaient sur le ventre moiré
des poissons et sur les pesants coquillages
grands ouverts buvant un air qui les tue

Et tu attendais que le ciel enfin se découvre
en laissant tomber sur les étroites rues roses
une pluie au goût de basilic et de plantes grasses

2 commentaires:

  1. L'apparente facture classique de cette déambulation poétique fait participer l'essence de la ville entière aux tourbillons de vie. Les sens affûtés du poète font vivre les statuaires , entendre le gravier dans le jabot de pigeons , le sommeil lourd de hommes. Les places , le marché sont dépeints pour ce qu'ils ont d'essentiel, des cris, des couleurs, des odeurs,des aliments si frais qu'ils sont encore à l'agonie ou exposent leurs blessures, des fripes pour des rêves de silhouette. Une seule expression arrive à embrasser Florence, « la démesure du regard ». La promenade est romantique, un brin amoureuse, le rythme est dansant , primesautier avec l'espérance d'être arrosée d'une pluie à «  l'odeur de basilic et de plantes grasses ». Un poème sensuel...

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  2. Classique, je ne sais pas, mais jouant avec le murmure de la langue française, le fameux balancement métrique, oui. C'est sûr. :)

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