Il n’est pas loin le guichet
de la gare fébrile
il n’est pas loin le quai
qui file vers un ciel
de montagnes d’arbres
de rochers de terres
et de poussière blanchies
par le soleil
il n’est pas loin
ce pays de sécheresse
ou de neiges perdues
La mémoire bouillonne
et les odeurs remontent
en flammes le long
des murs chauffés à blanc
— le thym le laurier-rose
la vanille attrapée au détour
d’un sentier submergé
de fleurs et de plantes grasses—
l’odeur étouffante des crottes
séchées et le bruit mat
des cailloux heurtés
d’une semelle lasse
dans cette chaleur de lézard
qui perd sa peau
Au fond du lit de feuilles
le chien rêve et soupire
le fleuve de pierres
attend l’hiver les eaux
furibardes et les cris
rauques de l’orage
contre les montagnes fracassées
Il est tout proche
tendre comme une main
posée dans une main
il est brûlant comme
un baiser sur la joue
clair comme un regard
et d’une douceur qui stupéfie
— il n’est pas loin ce monde
elle n’est pas loin cette véranda béante
sur la nuit parfumée
d’oiseaux et d’ombres
que la mémoire éveille
à chaque battement d’œil
dans sa minuscule apocalypse.
Réminiscence.....Il "n'est pas loin" , tout ce qui flotte en dedans et en dehors d'un être, tout c e qui lui appartient à jamais, ce qui le constitue, l'enrichit ou le détruit, c'est selon...Ce poème évoque dans sa forme déstructurée, l'effort pesant au pays, le pas lourd dans l’atmosphère du Sud...Un rêve passe, révélation d'une" minuscule apocalypse", la mémoire entrouvre ses entrailles ....Lecteur suis Pittau, avec lui, sous la chaleur étouffante, tu connaîtra l’accueil chaleureux des lieux chauffés à blanc...
RépondreSupprimerLe sud, souvent le sud, mais un sud qui n'existe pas. Un sud mental.
SupprimerFrancesco ,
RépondreSupprimerPeut être connaissez vous Emma Dante, son dernier spectacle "Le Sorelle Macaluso". Dans une Sicile imaginaire, les vies, humbles, pauvres, mélancoliques avec leurs lots de rêves inassouvis, sont reconnus "post mortem" dans un espace mémoriel d'où la parole éructée ,chantée, dansée, surgit dans une fofolle régression. La tradition , les liens familiaux sont des forces puissantes,écrasantes
qui génèrent solidarité et solitude. Dans cette histoire de femmes, il y a quelque chose qui ressemble au comportement d'une chatte avec sa portée de chatons ,avec le matou , pas loin, référent tenu en lisière.Dans le brouet des mots crus, des fous rires nerveux apparaissent des éclats lumineux....Certains pourraient qualifier ce travail de comédie légère, d'autres de tragédie, de comédies humaines. Pour ma part, j'ai l'impression d'avoir assisté à la danse macabre, tendre, de petites gens qui n'ont jamais pu naître à eux mêmes. Vos poèmes ont été présents en moi pendant la représentation.
Non, je ne connais pas du tout Emma Dante. Mais je vais me renseigner.
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