Elle avait remâché
Son silence pendant
Des lunes tâté des
Corps sans vie grevé
Son cœur dans des
Draps raidis
Avant de se jeter
Comme un charbon
Ardent dans les bras d’un
Qui mendiait un
Regret une grâce
Une caresse sur son
Cou aux cheveux coupés à
Ras
Elle disait sans fin :
“Tu es là j’attendais
Ta présence j’espérais
Tes mots ton corps
Tes yeux d’ombres
Ta peau
Ta langue sur ma nuque”
Et tandis qu’elle
Aiguisait sa chair
Sur la lame des
Phrases il effleurait
D’un doigt prudent
La croûte d’une
Vieille blessure
Irons-nous jusqu'à lire la cicatrice, à en effleurer la boursouflure ? Vous aiguisez, la lame va descendre profond pour extirper les mots. J'attends.
RépondreSupprimerAh j'aime beaucoup. Le rythme est parfait avec la "litanie" au milieu ,et la violence sous la peau rizla +. Tu sais faire.Et le commentaire de Frédérique, waouw.
RépondreSupprimertres beausurtout la fin la lame et la blessure
RépondreSupprimerOn sait que la Pythie vient en mangeant, mais de là d'en faire un poème qui la fait remâcher ....Pis avec du charbon, qu'est bon pour la digestion ...
RépondreSupprimerc'est ça !
RépondreSupprimerEn passant, en courant... Magnifique! (J'imagine toujours des poètes en progrès constant. Je veux dire : des poèmes ou des textes qui m'étonnent toujours plus. D'où, peut-être, la nécessité de lire de loin en loin. D'avoir une connexion foireuse à souhait autrement dit.)
RépondreSupprimerUn ton inhabituel, je ne saurai dire à quoi il tient. Une sorte de gravité, peut-être. La collusion entre deux adjectifs éloignés, certes, mais qui pourtant peignent les deux personnages : ardent et prudent. Un beau poème, comme souvent chez vous.
RépondreSupprimerPatrick Verroust :Un poème terrible. Il donne le frisson . Des remugles d'ancestrales angoisses remontent du plus profond de nous, des réminiscences de lectures , aussi, le choléra aveugle de Giono, l'exil d’Hélène de Camus, les derniers jours d'un condamné de V.Hugo, des textes qui remuent, profond, éveillent une fraternité dans le malheur,la terreur. L'angoisse est un être vivant, une hydre qui colle à la peau, elle fait corps avec celui qui la subit, elle est sa fièvre et,en même temps, vit sa vie, elle n'épargne personne.Elle est ici,pressentiment macabre, horrible certitude. Le texte procède par ellipses allusives, il nous ballade au rythme d'une danse macabre qui annonce l'inéluctable condamnation de celui qui est montré du doigt, le sait et se débat. Elles sont glaçantes les affres d'agonie d'un être encore bien vivant, confronté à la prescience d'une mort,si proche même si elle pourrait être,encore, lointaine. La mort , « la vieille blessure » pré-existante à toute naissance,,jamais ne guérit.Elle finira par l' emporter.. Francisco Pittau joue avec les nerfs de ses lecteurs par l'évocation de « la veuve » , du rituel qui accompagnait une exécution,demande de « grâce », « cheveux coupés à ras », qui hante le poème. Une odeur acre de peur semble s'exhaler du texte porté par les sons en « R ».La dernière strophe dégage une poésie inattendue, un rapport pacifié,perplexe,entre l'homme,sa destinée. FP a créé une forme, particulièrement, courte. Quand un écrit concentre une telle puissance évocatrice, la gifle est magistrale.
RépondreSupprimer@Frederique. Comme dit Kouki : "Waouw..."@Kouki. Ben, merci...@Mu LM. :)@Vinosse. J' savais que quelqu'un allait la faire. :D@Miss K. Eh oui !@Depluloin. Oh, y a longtemps... Y en a c'est la connexion et pour d'autres le temps. Je "voyage" pas beaucoup ces dernières semaines.@FM. Inhabituel ? Peut-être... sans doute si vous le dites... Pour la gravité, il me semble que j'en ai déjà eu... enfin, bon...@patrick Verroust. J' suis étonné, une fois de plus.
RépondreSupprimerJe ne dois pas être nette...mais le frisson me vient de cette presque tendresse qui affleure..
RépondreSupprimerLe wapiti vit le tipi de la pythie et fit pipi... Bon, je sors, mais c'est bien la dernière fois que je commente sur ce blog où c'est trop de la balle !Avec Parker ou Montblanc ?o)
RépondreSupprimerLe commentaire de Patrick m'épate... Rien à ajouter, sinon le frisson à la lecture, oui.
RépondreSupprimer@Luc. J' fais jardin d'enfants aussi... C'est marrant...@Sophie K. Merci. :)
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