lundi 7 juillet 2014

Les lointains proches

Sans courage et sans force affalé sous les palmiers nains
il abandonne son esprit au bruissement d’une voiture
au frisson d’un insecte entêté par les fleurs en pots
comme dans les cours harassées de lumière
quand les poignées d’eau sur le sol brûlant
mettent dans l’air la légèreté d’une respiration d’enfant

Là-bas dans les jardins penchés vers la mer qui tremble
les oliviers et les vignes vivent une vie apaisée
à peine troublée par l’écho du remuement nocturne
des lièvres et des renards venus des talus d’herbes sèches
ombres de l’ombre proies silencieuses et furtives
pour la foudre de la poudre à fusil

Il est là dos au mur de grosses pierres du fleuve
à remâcher les jours et les années les gestes du soir
pour accompagner les contes et les fables surgies
d’un passé bâti juste pour lui dans la flambée
insolente du bois qui craque et des yeux qui brillent
à chaque mot prononcé d’une voix gourmande

Ses pieds battent la terre sourde d’un rythme lent
au souvenir des soirs qui mangeaient dans sa main
tels des oiseaux apprivoisés les bouts de pain
de son souffle encore plein du goût des amandes
ouvertes à coups de marteau dans l’éblouissement
des méridiennes où il ne dormait pas

2 commentaires:

  1. Au bout du bout de la fatigue, du renoncement, il reste la poésie qui dans le sortilège de ses lents balancements capte des atmosphères, des bruissements, des frissons, « la légèreté d'une respiration d'enfant ». fait ressentir « Là bas, dans les jardins….vers la mer qui tremble » une sérénité pourrait juste troubler, et encore, « la foudre de la poudre à fusil »….Guidé par ses sensations quiètes, l'homme peut s'abandonner à remâcher le temps des contes, « un passé juste pour lui » , les veillées heureuses, les soirs qui mangeaient dans sa main, retrouver le goût des amandes ouvertes lors des siestes « éblouissantes » « où, il ne dormait pas »….La musicalité lente, la longueur des vers, le long déroulé du récit introduisent cette rêvasserie mais la tension n'est pas absente. Les sons, ceux en « ourde » en particulier font entendre les pulsations harassées de l'homme si vidé de ses forces qu'il ne peut plus se projeter ni dans le présent ni dans le futur juste se réfugier dans un passé qui semblait lui ouvrir les portes du monde. Cet écrit est un poème-prose sa poétique s'y diffuse par la richesse visuelle des allégories, par le contraste entre les infimes bruissements et les coups de gong lancinants qui pulsent le chant intime de l'homme,dos au mur,battant des pieds.

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    1. Au bout du compte, l'homme est un réceptacle à sensations, non ?

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