mardi 2 février 2016

Lever du jour

Il avait lâché son souffle alors que l’aube se levait sur la mer
teignant les trolleybus d’or de feu et de cette fraîcheur qui enivre
le pas de celui qui court encore sur les pavés de la nuit

Il n’y avait plus de rires ni d’apéritifs sous les arcades
où les tables humides dormaient en échassiers 
avec leurs souvenirs de limonade et de liqueurs amères

Les bateaux affirmaient sagement leur blancheur
et la basse tonitruante de leurs voix enrubannées d’oiseaux
dont l’éclat blessait les yeux tel un trait d’aiguille

L’odeur du dernier souffle stagnait malgré la fenêtre ouverte
ne pas crier ne pas pleurer ne pas gémir vers ce ciel si paisible
que les anges tendent comme un grand drap de lin

Comment mais comment supporter ce miracle de douleur ?
Comment maintenir la petite flamme de l’haleine ?
Comment détordre les racines du ventre ?
Il y fallait l’azur et l’oubli il y fallait le soleil triomphal et l’amertume

Vers le front de mer la rue bruissait comme un grand corps
étirait ses membres encore gourds et obscurs
jusqu’aux quais ombragés de palmiers où le jour s’installait
à tâtons ébloui par un soleil naissant couleur de mandarine.

4 commentaires:

  1. Comment mais comment repartir dans la grisaille du jour après la lumière resplendissante de vos mots. Ces ailleurs que vous nous faites sentir, imaginer et nous sommes comme enivrés de chaleur et de mots. Poète berce nous, le monde est rude. Merci

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  2. Agonie lente douloureuse....La poésie vibrante maintient en vie en même temps qu'elle souligne la dureté de l'arrachement, de l'expiration. Francesco, démiurge, peint un poème à la Jérôme Bosch....on ressort un peu lessivé de regarder la mort en face....

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