vendredi 3 juin 2011

Partir

Des sentiers de montagne
Des buissons encore
Marqués par les incendies
Anciens des sources
Grelottant entre les racines
Des silences de feuilles
Dans la rumeur épandue
Comme un verre de lait
Des aiguilles d’herbe
Et l’infini halètement
Du monde tout autour

Elle avait rêvé
De cela puis des glissoires
De lumière entre les troncs
Dressés noirs dans un
Empressement qui
Prenait aux tripes
Mais ses pas l’avaient
Arrêtée à la lisière
De la ville sur une terre
De fange de poutrelles de tuyaux
En ciment et d’arbres détruits

Assise sur un carton
Elle avait tourné le dos
A la muraille des habitations
Et braqué son regard
Sur les fantômes mauves
Qui élevaient leurs pics
Leurs gouffres leurs forêts
Dans la brume au loin
Puis la fatigue l’a emportée
Et dans son sommeil d’enfant
Une main sur l’aine
Elle suçote des songes
De bonbons de sève sure
Et des écorces sucrées

12 commentaires:

  1. wouf! on aimerait pouvoir la faire traverser la lisière ! Joli!

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  2. Sixième lecture... m'en lasse pas.

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  3. Une vie tombée en jachère, où tout ce qui a été vécu est ramené au silence, sur ce carton posé au ras du ciel...

    L'envie oui de la voir se lever et filer librement vers un horizon resté ouvert...

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  4. Patrick Verroust :


    L'appel de la montagne est puissant. Les souvenirs sont ancrés dans la mémoire de celle qui veut partir.Ils sont comme un martèlement qui cogne, dans sa tête et son cœur qui lui crie de venir, qui l'aspire.Elle a envie de s'y fondre, d'y disparaître.Elle est de ce monde là.Elle connaît les sentiers, les sources, les halètements du monde tout autour. Elle se voit dévalant les « glissoires de lumière » de tronc en tronc.La description de la nature n'est pas idyllique, les incendies anciens,les sources grelottant, « les troncs noirs dressés dans un empressement qui prenait aux tripes » sont des « fantômes mauves de pics de gouffre dans la brume au loin. »..Mais la ville dégage une hostilité crade. La muraille des habitations s’achève dans une fange de détritus, d’arbres détruits.La femme s'endort là, gisante, sur un très belle image « des songes de sèves sures et d'écorces sucrées » . Elle partira, morte ou vive, elle est déjà là bas.Tout l'art de Francisco Pittau, ici, est de faire cogner chaque mot comme un battement de cœur. La souffrance est, partout , présente entre cette montagne
    qui l'appelle mais lui est inaccessible et la ville qui la rejette ou qu'elle rejette, il lui reste le no man's land d' un morceau de carton en lisière. La terre de personne et des rêves d'enfant., tel est son lot de damnée des poutrelles de fer arrachée à ses montagnes.Ce poème secoue au point de faire oublier la poésie qui le construit. Il s'en dégage une musicalité aux tonalités variées, appuyée par des jeux d'ombres et de lumières où le noir et l'obscurité prédominent. Le « glissoire » ...en un mot ,tout est dit. L'enfant a vu, un instant s'ouvrir en rêve l’éphémère porte des rêves.

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  5. La fugue,oui,et son art gardé à coeur,comme dans ce poème.

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  6. j'aime beaucoup (je pense tout de suite à votre texte L'incendie : je vais aller le relire tiens)

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  7. Ne m'en veuillez pas de faire "mon cinéma", mais "Partir" m'évoque Mona (Sans toit, ni loi d'Agnès Varda)

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  8. @Ch. Sanchez. Pas sûr qu'elle accepterait de l'aide.
    @AdS. A la 10ème, on gagne... rien. :)
    @Michèle. Vie en jachère, c'est joli comme formule.
    @patrick Verroust. L'éphémère porte des rêves ? Ok.
    @Sidonie. Oh ben... là... :)
    @Muriele. L'incendie ? Ah ouais... j'y avais pas pensé...
    @Frederique. Je ne vous en veux pas. D'autant moins que je n'ai pas vu ce film.
    @zoé lucider. Waouh ? :D

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  9. Venez donc à Paris, Parc de la Villette, cinéma plein air, gratuit, le film de Varda est programmé le 18/07 :-)

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  10. Magnifique, tout inondé de couleurs, tout bruissant de vie, encore une fois...
    (C'est bien, tu me donnes envie de reprendre palette et pinceaux !)

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  11. @Frederique. Le 18/07 à Paris ? 300 bornes pour voir un film, ça m'est jamais arrivé jusqu'à présent.
    @Sophie K. (Si ça te donne envie de reprendre palette et pinceaux, c'est déjà ça.) Bruissant de vie, j'aime bien. :)

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