Le sentier se perdait sous
La pluie vers des prairies
Lourdes où des chevaux sans
Couleur broutaient une
Herbe oblitérée par
La brume qui semblait
Se mouvoir au rythme de
Leurs jambes
Le sol chuintait sous le
Poids de l’homme et de rares
Oiseaux traversaient
Un air épais
Qui empêchait le
Regard
En marmonnant des phra-
Ses qui parlaient de
Douleurs et de sang vif d’os
Rongés et de chairs char-
Cutées de regrets et
De mélancolies
Il tripotait une patte de
Poule au fond de sa poche
Il ruminait sa langue la
Mâchouillait la tri-
Turait en faisait une
Bouillie qui emplissait
Sa bouche d’un grommelos
Sans fin
Quand il arriva
Dans le cercle des tourbières
Il cracha sur la mousse
Une écume rosâtre
Dont l’odeur se mêla aussi-
Tôt à l’odeur
De l’eau croupie
La pluie vers des prairies
Lourdes où des chevaux sans
Couleur broutaient une
Herbe oblitérée par
La brume qui semblait
Se mouvoir au rythme de
Leurs jambes
Le sol chuintait sous le
Poids de l’homme et de rares
Oiseaux traversaient
Un air épais
Qui empêchait le
Regard
En marmonnant des phra-
Ses qui parlaient de
Douleurs et de sang vif d’os
Rongés et de chairs char-
Cutées de regrets et
De mélancolies
Il tripotait une patte de
Poule au fond de sa poche
Il ruminait sa langue la
Mâchouillait la tri-
Turait en faisait une
Bouillie qui emplissait
Sa bouche d’un grommelos
Sans fin
Quand il arriva
Dans le cercle des tourbières
Il cracha sur la mousse
Une écume rosâtre
Dont l’odeur se mêla aussi-
Tôt à l’odeur
De l’eau croupie
Admirable! d'une beauté! D'une puissance!
RépondreSupprimer(Seule "l'herbe oblitérée" m'a arrêté un instant mais tout à fait juste cependant, je ne sais pas. Raison pour laquelle la première strophe m'a paru en-dessous mais la relisant... Voilà c'est pour dire quelque chose!)
Voilà, beau. Puis quelqu'un qui écrit une telle poésie sur un simple glaviot matutinal, ça mérite le respect, moi j'dis !
RépondreSupprimerJe me doute que "odeur" est répété de façon volontaire, mais... Sinon, encore un sacré personnage, Mr Pittau. Vous commencez à tenirtout un bestiaire.
RépondreSupprimer@Depluloin. Euh, quel enthousiasme ! Bon, tant mieux. Pour "oblitérée", peut-être...
RépondreSupprimer@Ch. Sanchez. Respect ? :D Faut pas charrier.
@FM. Vous croyez que je l'ai répété exprès "odeur" ? Allez savoir... j' suis tellement distrait parfois... :)
@Anonyme. J'ai effacé vos commentaires non en raison de l'aspect négatif mais passque ça m' gonfle qu'on puisse dire en se cachant. C'est désagréable de répondre dans le vide. Mettez votre nom ou un lien, je vous boufferai pas le nez si vous me critiquez... Ça fait partie du jeu. Je l'accepte, acceptez-le aussi. :)
Y'a toujours des anonymes qui s'planquent alors qu'on n'va pas les manger.
RépondreSupprimerAh là là.
Bon sinon, je suis une inconditionnelle de ce poème-ci AUSSI. D'autant plus que ce n'est pas sous un soleil cru, mais une douleur à la fraîche, qui reste quand passent bancs de brume et chevaux...
(C'est rare chez toi, finalement, le froid et la pluie... :0)
« Jusqu'à plus soif », on a beau le vouloir , ce poème ne peut pas être avalé d'une traite, il faut ahaner, souffrir, s'arracher pour arriver au bout comme le tubard qui grimpe et puis quand il crache ses poumons, il faut avaler le tout sous le joug du talent de Francesco qui sait nous tenir jusqu'au bout ,aussi bien dans les atmosphères extrêmes que, dans les souffrances d'hommes plus têtus que leurs maux. L'homme marne, avec ses poumons éponges saignantes, glaireuses.Il se raccroche à la superstition d'une patte de poule, à un monologue en grommelos. Homme du nord, J'aime ce mot, langage d'opprimés qui n'est compréhensible qu'en captant la gestuelle, les timbres, les intonations. L'homme, qui monte son Golgotha, vitupère ses souffrances, son corps rongé jusqu'à l'os, l'ambiance colle à son état. FP écrit une histoire courte, brève, violente, il use de la technique poétique pour la ramasser au plus près de la vision qu'il donne à voir sans tomber dans le cliché. Il essaie de mener de front un travail sur l'écriture et sur les luttes de survie des hommes, leurs chemins qui trouvent leur grandeur dans leurs voies tortueuses pour exister.S'il y a du « vent » chez Pittau, il décoiffe.Il est un avocat, pas un procureur , mieux encore, il est écrivain, il raffine en bordure du brut de pomme.Il chante les brutes, les paumés, les galériens de tout acabit. Les phtisiques furent les modernes lépreux. On a mal avec ce pote ,ci . Comprenne qui saura !
RépondreSupprimer@Sophie. Ils se planquent. Je me demande de quoi ils ont peur. Enfin, bon...
RépondreSupprimerMerci en tout cas. C'est vrai que je suis pas coutumier de la pluie dans mes textes. Alors qu'en vrai... :D
@patrick Verroust. Je confirme : je ne suis pas procureur ni rien de tout ça. J'essaie d'écrire, et c'est du boulot. :)
Un rituel vaudou dans le bocage... ensorcelante votre poésie Francesco !
RépondreSupprimeret ?
RépondreSupprimerNous sommes à proximité de tourbières qui retiennent l'eau comme de grosses éponges et le ton est donné dès le début du poème :
RépondreSupprimerOn a d'abord :
" Le sentier se perdait sous
La pluie vers des prairies
Lourdes (...)"
Trois fois une occlusive bilabiale sourde [p], avec la liquide [l] de "pluie" et de "Lourdes".
On patauge et on est en contact avec la matière organique des tourbières.
Et ça fait du bruit :
"où des chevaux sans
Couleur broutaient une
Herbe oblitérée par
La brume qui semblait
(...)"
D'abord ça chuinte avec la fricative chuintante [ch], ça siffle avec la fricative sifflante [s], et puis on est dans la boue de la tourbe, avec cinq fois l'occlusive bilabiale sonore [b], de "broutaient", "herbe", "oblitérée", "brume", "semblait".
Pas de feu ici, celui seul qui sera donné par la tourbe. Et l'on ne trouve la fricative sourde [f] que dans les strophes 3 et 4, dans "phrases", "vif", fond", "faisait", "fin".
Ça doit être de l'humour ...
RépondreSupprimerPour enfoncer un peu plus le clou :) :
RépondreSupprimerVoici ce que dit Michel Volkovitch des consonnes, dans "Verbier, herbier verbal" (Maurice Nadeau, 2000) :
- b.
(...) Celle d'un état primitif de la matière : boue, tourbe, bourbeux. (...)
- p.
(...) Explosif.(...)
Et Gaston Bachelard (cité par Volkovitch), écrivait dans "La terre et les rêveries de la
volonté" :
"On ne s'étonnera pas que dans l’œuvre de Joris-Karl Huysmans, l'écrivain français aux prénoms durs, des pages très nombreuses traduisent une jouissance coléreuse des sonorités métalliques." L'exemple qu'il donne : "macules de bistre et de cuivre".
Henri Meschonnic, dans "De la langue française", décrit "le passage d'une esthétique de l'euphonie, celle du classicisme, veillant avant tout aux voyelles, à l'hiatus, vers une esthétique, non de la cacophonie, bien sûr, mais de l'énergie, ou de la violence expressionniste, par l'attention donnée davantage à la consonne".
On pourrait bien sûr continuer l'analyse sur la fréquence des autres consonnes du poème et celles du titre :
RépondreSupprimer"Jusqu'à plus soif"
Relever leur valeur percussive, vibratoire...
Mais pas la peine, on entend le poème et on l'entend tellement, qu'on voit, qu'on sent :).
@Frederique. Un rituel vaudou ? Oh, pourquoi pas...
RépondreSupprimer@anonyme. et c'est tout ?
@Michèle. :) (là, je reste dans les coulisses)
@Vinosse. Oh ben, probablement...
@Michèle. Le premier travail est celui sur les sons... et la remarque sur les consonnes me semble plus que très juste. :)
et non c'est pas tout !
RépondreSupprimer... ta fin
Quand il arriva
Dans le cercle des tourbières
Il cracha sur la mousse
Une écume rosâtre
Dont l’odeur se mêla aussi-
Tôt à l’odeur
De l’eau croupie...
-- fin (1)
et là, il poussa quelques chose plus tard...
mais je ne vois pas quoi encore...
Je vais laisser faire "Alfred" une nuit, et te dirais plus tard ce qu'il m'a soufflé ;-)
a y est... Alfred a dit : "où le crachat tomba, il poussa là des Héliamphores..."
RépondreSupprimercomprenne qui pourra... ;-)
et ? et voilà.