Tout l’après-midi
Appuyé à la porte
De l’étable où râlait
La bourrique il
Etait resté sans bouger
Les yeux éblouis
Par la lumière
Sur le ciment craquelé
De la cour
Dans son demi-sommeil
Il avait perçu le
Dandinement diffus
Des rumeurs l’écho
Cassé des voix
Abritées sous les vignes
Il avait entendu les rires
Claquer comme des cailloux
Il avait entendu les
Eclats des motocyclettes
Fatiguées
Et il avait entendu
Retentir les gifles d’eau
Savonneuse sur les carrelages
A blanc
“Tu veux boire ?”
Il n’avait rien bu
Malgré sa soif malgré
Sa langue trop épaisse
Dans sa bouche trop
Petite tout à coup
Mais il avait écouté
Le bruissement de son
Sang dans ses paumes
En conques sur ses
Oreilles
Il avait écouté
Le monde s’effondrer
Au fond de son
Crâne
“Tu veux manger ?”
Il n’avait rien mangé
Il avait attendu que le
Ciel se fissure puis
Eclate et laisse
Apparaître un azur
Aussi frêle que la grimace de l’eau
Fendue par une main
Sans vigueur
Il avait attendu que l’heure
Ruisselle sur les murs
Et pousse ses ombres
Il avait respiré chaque
Seconde jusqu’à
Ce que l’oiseau-mouche
Vienne ponctuer
Là-bas les fleurs alanguies
Quand le jour avait
Commencé à couler
Orange et bleu sombre
Une odeur de basilic
L’avait happé
Et il s’était aban-
Donné à elle
Négligeant l’oiseau-
Mouche la vie qui s’éveillait
Et la traînée lasse
Des pieds de la vieille femme
Appuyé à la porte
De l’étable où râlait
La bourrique il
Etait resté sans bouger
Les yeux éblouis
Par la lumière
Sur le ciment craquelé
De la cour
Dans son demi-sommeil
Il avait perçu le
Dandinement diffus
Des rumeurs l’écho
Cassé des voix
Abritées sous les vignes
Il avait entendu les rires
Claquer comme des cailloux
Il avait entendu les
Eclats des motocyclettes
Fatiguées
Et il avait entendu
Retentir les gifles d’eau
Savonneuse sur les carrelages
A blanc
“Tu veux boire ?”
Il n’avait rien bu
Malgré sa soif malgré
Sa langue trop épaisse
Dans sa bouche trop
Petite tout à coup
Mais il avait écouté
Le bruissement de son
Sang dans ses paumes
En conques sur ses
Oreilles
Il avait écouté
Le monde s’effondrer
Au fond de son
Crâne
“Tu veux manger ?”
Il n’avait rien mangé
Il avait attendu que le
Ciel se fissure puis
Eclate et laisse
Apparaître un azur
Aussi frêle que la grimace de l’eau
Fendue par une main
Sans vigueur
Il avait attendu que l’heure
Ruisselle sur les murs
Et pousse ses ombres
Il avait respiré chaque
Seconde jusqu’à
Ce que l’oiseau-mouche
Vienne ponctuer
Là-bas les fleurs alanguies
Quand le jour avait
Commencé à couler
Orange et bleu sombre
Une odeur de basilic
L’avait happé
Et il s’était aban-
Donné à elle
Négligeant l’oiseau-
Mouche la vie qui s’éveillait
Et la traînée lasse
Des pieds de la vieille femme
descente dans mon âge
RépondreSupprimerTrès beau (mais quelle est la nécessité du "retour à la ligne", de l'apparence habituelle, reconnue comme telle du poème ?). Amicalement
RépondreSupprimerJoli, joli, ça me claque en bouche
RépondreSupprimerMagnifique! Et les retours à la ligne étaient ici nécessaires, à mon très humble point de vue.
RépondreSupprimerMMMmm, il fallait ça ce matin!Dis si tu passes par Paris, ne rate pas l'expo de George Brassens. Mais y être à l'ouverture... à cause du monde.
RépondreSupprimerIl est étonnant ce poème. Il marie les contraires, il est onirique et ancré dans le réel à la fois. L'oiseau mouche, oiseau amérindien, symbole de mort et de vie participe à l'emplir d'une grande puissance poétique portée par de superbes métaphores sur la nature, la journée qui s'écoule. Il se dégage une impression d' exaspération des sens . L'homme entend les râles d'agonie de sa « bourrique ». Il vit son deuil, il sent son monde s'effondrer, « au fond de son crane » il est en état de prostration, incapable de boire ni de manger. Les bruits de la vie quotidienne, « les rires qui claquent comme des cailloux » « les éclats des motocyclettes fatiguées » »les gifles d'eau » l'agressent, « les mains en conque sur les oreilles » lui font ressentir davantage sa souffrance aussi physique que psychique, le « bruissement de son sang ».Il perçoit avec acuité, le cours de la nature qui est son seul refuge. Il attend que le « ciel se fissure » laisse apparaître un azur » comme un espoir « frêle comme la grimace de l'eau », il commence à respirer quand « les heures poussent ses ombres » quand le jour « avait commencé à couler , orange, bleu, sombre ». Il se laisse happer par une odeur de basilic,symbole de sorcellerie et de rage.Il est dans l'essentiel, dans le fort des sentiments, il néglige la vie qui « s'éveillait » « les pas trainant de la vieille femme ». C'est une histoire de solitaire, attaché à sa terre, à sa bête,vivant en osmose avec eux . Il n'est pas dans son élément, il est un élément parmi les autres. Il attend la nuit comme on attend la mort. Ce texte est coloré, sonore,plein de senteurs. « La nuit qui vient » est un poème inspiré.
RépondreSupprimerAh oui, Brassens, c'est bien choisi !!!
RépondreSupprimerPutain, un chef d'œuvre !! (Je sais que vous êtes abonné mais tout de même. Arrêtons-nous un instant.)C'est la première fois que je lis sans avoir envie de comprendre, je n'ai entendu que de la musique - mais point d'images merde que vais-je devenir si je suis poète?
RépondreSupprimerOui, pareil que Plu : ["Putain, un chef d'œuvre !! (Je sais que vous êtes abonné mais tout de même. Arrêtons-nous un instant.)]:)Mais où allez-vous chercher tout ça ? :)
RépondreSupprimer@brigetoun. Ah ben... :)@Anonyme. L'apparence habituelle du poème ? Disons que l'apparence n'a pas grand-chose à voir là-dedans... surtout que ça fait longtemps que le "poème en prose" court les rues. Ce n'est pas nouveau. Il n'est d'ailleurs pas question de nouveauté, ou de vieille forme, mais de choix...@Ch.Sanchez. Eh ben, tant mieux... ça m' plaît beaucoup...@Magali. Je ne vais pas dire le contraire. A mon humble avis aussi. :)@Jean-Charles. Merci du conseil... j' vais essayer de le suivre... Faudrait qu'on se revoie un jour... :)@patrick Verroust. Merci de dire qu'il est étonnant. :)@Vinosse. T'es pas d'accord avec ce choix ?@Depluloin. C'est gentil de le dire mais, bien entendu, je n'aurai pas la naïveté de le croire. Si je parvenais à écrire un texte convenable, je serais déjà content. Y a encore du boulot.@Michèle. J'ai mes entrées chez Auchan. Ils me fournissent papier et crayon à un prix intéressant. (sérieux : content que mon texte vous plaise).
RépondreSupprimerpatrick verroust:Je ne fais,jamais la même lecture de ce texte.Quelquefois, j'ai l'impression de voir l'auteur surgir derrière le personnage.
RépondreSupprimerBen si tu continues de travailler, tu vas passer de "splendide" à... oh là lààà, j'ose même pas y songer.(Magnifique, frnachement.)
RépondreSupprimerPffffffff.... "frnachmenanment", j'voulais dire, bienen snûrmgnh. :0)
RépondreSupprimer@Sphokei. Ben, si j' continue, j'arriverai p't-être à en faire un correct... Merci, quand même...
RépondreSupprimerGreetings from Finland. This, through a blog is a great get to know other countries and their people, nature and culture. Come take a look Teuvo images and blog to tell all your friends that your country flag will stand up to my collection of flag higher. Sincerely, Teuvo Vehkalahti Finland.
RépondreSupprimerMagnifique, vraiment, tout en vibrations.
RépondreSupprimer@Enfantissages. Merci, mam'zelle. Vous revoilà ? :)
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