lundi 2 avril 2012

Lucie

Un rouge à lèvres
Presque mauve
Une bouche figée
Sur une bouderie
Mauvaise qu’elle avait
Vite fait de défaire
Pour crachoter sa colère
Tout en prenant garde
De ne pas renverser
Le verre de vin
Blanc
Tenu de ses doigts
Maigres

Elle avait dévalé
Dix fois les escaliers
Sur les reins
Dix fois s’était relevée
Dix fois s’était remise
Sur ses jambes
Encore épaisses
Et fortes
Malgré les nuits opaques
Malgré les peaux de
Banane
Rôties et fumées
Devant la fenêtre
Le soir avec l’air frais
Qui gifle les joues

Alors sa voix griffée
Montait dans la chambre
Ressuscitant une
Mélodie fendue
Avant de lâcher un
Juron
Entre deux bouffées
De fruit brûlé

12 commentaires:

  1. Toujours se méfier des rouges (à lèvres) pas francs... :)Je connais quelques silhouettes, souffrantes (et soufrées par le blanc) qui ressemblent à ton esquisse (que je pressens anguleuse, bizarrement)...(Bon. Où es-tu, enfin ? Ça me manque de ne plus te lire !)

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  2. Fruits rôtis, fumés, brûlés... M'est avis qu'il ne s'agit pas des fruits de la passion :)

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  3. « (…)Entre deux boufféesDe fruit brûlé »Depuis ma 1ère lecture, ces deux vers m'intriguent. Une bouffée c'est d'abord pour moi une bouffée de tabac, une substance qu'on inhale et là c'est le mouvement inverse, c'est le souffle de l'haleine, c'est l'exhalaison. Cette femme rejette ce qui empoisonne son corps, ses sens, sa vie.Bouffée de colère, bouffée de chaleur, bouffée délirante ...

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  4. Les fruits de la passion, ça m'étonnerait beaucoup. :)

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  5. Ce poème est, pour moi, une tranche de vie, un portrait dessiné à grands traits comme une caricature de la bande à Reiser. Il y a de l'énergie, un instinct vital qui se manifeste par le rouge à lèvres violent, le verre avec son précieux liquide, les fils de banane pour des fumettes euphorisantes...Cette femme recule, ainsi,les ravages de l'age et des vicissitudes dont sa vie doit être pleine.

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  6. C'est marrant, je n'en avais pas conscience, mais il est vrai, Patrick, que je n'imagine pas cette femme jeune :)Plutôt avec une vie remplie, oui.

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  7. Il y a de l'instinct vital et de la survie dans tout cela.

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