lundi 10 février 2014

Être loin, parfois

Dans le verger abandonné
Aux tremblements des bêtes
Aux bredouillis des feuilles
À la lèpre poudrée
Et silencieuse du soleil
On avance sans marcher
On se désaltère sans boire
On voit sans regarder

Une vie insensible
Grouille sous les pieds
Le temps stagne dans l’argile
D’un pot à fleurs vide
Couvert de mousses
Et d’insectes pesants
La brise s’emmêle
Dans la ramure
Des arbres fatigués

L’après-midi s’attarde
Sur l’herbe qui blesse
La peau nue
Les voitures rouges muettes
Et lourdes
Sillonnent la colline
Déchirée par la lumière
Épaisse comme une confiture
De figues
Et dans le lointain
Montent les bruissements
D’une source
Où l’on plongerait la tête
Longtemps

2 commentaires:

  1. Rien ne nous est dit des pensées du pensée du visiteur, il semble être dans un état hypnagogique, plus ou moins conscient. Il n'y a pas de réflexions formulées sauf à travers des sensations psychosomatiques. « On se désaltére sans boire...on voit sans regarder » Il semble se promener comme dans un cimetière, faire un devoir de mémoire ou un travail de deuil. Toutes ces sensations sont exprimées par les mots qui disent le jardin à l'abandon, « un pot de fleurs vides ». « les arbres fatigués » font une liaison avec la chaleur , « le temps stagne «  « la lumière est épaisse comme une confiture de figues », les risques d'incendie , « les voitures rouges »...La vie est ailleurs « dans le bruissement d'une source où l'on plongerait la tête longtemps.Tous nus...bien sur.
    Ce texte réveille des souvenirs d'été, de promenades sur les lieux de l'enfance, le temps où je savais l'emplacement des sources secrètes, les coins frais, me faufiler dans le maquis et sous les ronciers. Merci , Francesco !

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  2. Merci à vous M'sieur Verroust... désolé pour ma réponse tardive... Mais votre commentaire était bien meilleur que tout ce que je pourrais vous répondre.

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