dimanche 23 janvier 2011

Mâchures

Dans le matin
Palpi-
Tant
Sous un soleil
Définitif
Parmi les ombres
Longues
Des arbres in-
Clinés
Il s’était senti
Denrée péri-
Ssable
Poignée de
Chair
Gorgée de
Soufre
Bouchée de
Pulpe morte

Et il avait
Serré les pau-
Pières
Pour contenir
Un grincement

13 commentaires:

  1. Francisco Pittau esquisse d'un seul trait un poème rapide, un étourdissement. Le texte se lit d'un seul souffle, aucune aspérité ne vient endiguer la lecture et l'action qui se déroule en dehors de ce qui nous est donné à voir . « Le soleil définitif » indique que quelque chose va se passer, de grave. « Les ombres longues » , « les arbres inclinés » accompagnent la rapidité, la fluidité du sentiment de fragilité qui envahit et submergerait l'homme, conscient soudain de n'être que « poignée de chair.. » si un serrement volontaire des paupières n'arrêtait pas la plainte qui allait surgir. Étourdissement, faiblesse passagère, exécution capitale, nous n'en saurons rien. L'histoire est vive , vivante, l'impression d'avoir vécu et ressenti ces émotions là ,accompagne la lecture.

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  2. Parfois Verroust quand je lis vos commentaires, comme ce soir, j'ai l'impression que vous faites l'éloge d'un parfum.Démonstration :"Un parfum d’été souffle entre vos doigts et décoiffe vos cheveux. Vous marchez sur un chemin de terre, vos pieds sont gris de poussière et toutes les touffes de plantes autour de vous sont sèches et blondes. Vous voilà maintenant allongé dans les herbes hautes, à regarder les nuages passer. Non, vous ne rêvez pas, vous portez D**.D** est une surprise inattendue. N’affectionnant pas particulièrement les créations chez A. G., je ne pressentais rien de folichon à la découverte de ce parfum. Et bien j’avais tort ! (Comme souvent, mais pas trop quand même). D** semble très classique au premier abord, un départ hespéridé puissant, quelques pointes de néroli qui font rapidement penser à une Cologne. Mais c’était compter sans le concours du petitgrain, du maté, du foin (et de son amie la coumarine), et des muscs relevés par un léger accord cuir. En effet, lorsque le parfum est devenu intéressant, j’ai d’abord senti un accord de thé, qui me faisait penser à du Earl Grey. Mais quelque chose me dérangeait. Le thé s’est révelé être l’accord de maté, une boisson traditionnelle d’Amérique du Sud préparée avec le Yerba Maté ayant des vertus excitantes comme le café. L’odeur est légèrement amère et rappelle celle du thé et du foin. Rarement utilisé en parfumerie (ou peu évident), je l’avais déjà rencontré dans Comme des Garçons 2, emmitouflé dans des volutes d’encens. Ici, le côté thé fraîchement infusé de la plante est beaucoup plus en avant et il entretient la sensation fraîche du départ, faisant durer la bergamote.Mais, comme souvent, c’est le fond qui achève de vous conquérir. L’accord foin sort de sa grange et vous donne l’impression de grimper sur les ballots de foin empilés dans les champs. On se dévergonde un instant avec une bonne dose de musc et l’animalité du cuir, mais tout en restant très distingué grâce à la présence de l’iris qui apporte sa beauté brute. D** porte en lui la dualité annoncé par le titre, un homme, une femme, peu importe finalement…"(Chronique trouvée sur le blog Poivre Bleu)

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  3. ah joli, je vois les plis ridés autour des yeux là.

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  4. @ ADS : Quelle déception ! Je croyais que c'était de toi :0)@ FP : Il n'y a pas que moi qui espère que ça ira mieux demain. Votre bonhomme, là, il en bave sévère. Une vraie pulpe de chair suppliciée.

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  5. oh que j'aime cette image de bouchée de pulpe morteje sens l'éclatement sous la dentrudes les Mâchures

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  6. Sable, chair et soufre...Tu me donnes soif, soudain. :)

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  7. Hum ! M'sieur Pittau ! Faites donc un tour si vous le voulez bien sur jacqueslouvain.over-blog.orgMerci bien.

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  8. ADS:L'éloge d'un parfum? C'est un véritable savon que vous me passer là. Mes commentaires laissent FP sans voix, cette fois ci , nous sommes deux ! L'analogie entre un texte de Pittau et un parfum , je n'y aurais pas pensé , pas plus que pour les vôtres. Les parfums m'incommodent , plus souvent, qu'ils me ravissent. Ils doivent être légers, subtils et volatils pour que j'en apprécie les fragrances. Les textes de FP, comme les vôtres ,sont âpres, rugueux, rudes, des cailloux dans les chaussures. Pour ce qui concerne « mâchures » je persiste et signe. Ce texte a un goût, celui du sang . Mais, surtout, il est , comme une glissade sur une plaque de glace . Les autres textes que je connais de FP font buter sur les mots . Il y a de la limaille dans les rouages. Dans le poème offert ici, il y a de l'huile, de l'huile essentielle pour quiconque est au parfum. FP a le don de faire ressentir un instant , de l'immobiliser le temps de le gouter, il n'y a pas d'histoire , pas d'avant pas d'après. Le lecteur est libre d’échafauder ce qu'il veut , cela n'engage que lui. Ce poème est difficile à commenter, par un paradoxe étonnant, il n'est pas difficile à saisir, il est, instantanément saisi et ingéré au point d'être presque oublié. Moi, lecteur, j'étais différent après l'avoir lu, surpris de l'être. Grand lecteur, je fus. Je m'intéresse de moins en moins aux histoires et suis de plus en plus sensible à l'écriture , la charpente du récit. Je peux me souvenir , longtemps, d'un instant étiré, d'une odeur de borax et « d'une ferme en L » , « des négociations, névrotiques » qui mettent des épices dans l'écriture. Epices ? Décidément, les parfums ne sont pas très loins.

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  9. Pure épure, monsieur Pittau. Nous atteignons ce point où le silence est de mise. Un silence riche, enrichi plutôt.

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  10. @patrick V. Je suis sans voix parfois mais pas toujours. C'est vrai qu'un texte appartient aussi, et de fait, à celui qui le lit. Donc...@AdS. Vous seriez pas originaire de Grasse, par hasard ?@Ch. Sanchez. Aussi, bien sûr. :)@FM. S'il en bave, c'est qu'il a commis un péché. J'essaie d'expliquer mais bon...@Mu LM. Ravi que cette bouchée vous plaise.@Sophie K. Oh j' suis désolé... j'ai rien au frais... Un café alors ? Un thé ?@Dominique Boudou. J'y suis allé voir. Je vais y retourner. :)@patrick V. AdS est d'humeur taquine.@Depluloin. Vous m' coupez l' sifflet, m'sieur Deplu.

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  11. Francesco Pittau:Certes, il y a appropriation du texte par le lecteur mais quand l'écart est trop grand entre les projections du lecteur et ce que l'auteur a voulu y mettre . Il y a un problème quelque part. Une partie de la qualité d'un écrit réside dans sa capacité à circonscrire un terrain où l'écoute rencontre le dire.

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  12. @patrick V. Je n'ai jamais dit que le texte du lecteur était celui de l'auteur. L'auteur balise autant qu'il peut mais il ne peut prévoir les multiples sens d'un même agencement de mots. C'est impossible. Et puis ce n'est pas non plus son problème. Il essaie de serrer au plus près ce qu'il veut dire ou raconter ou ne pas raconter. En sachant très bien que le langage est fluctuant déjà en lui-même. Il faut faire avec l'imprécision et le flou, et avec certaines certitudes aussi. Et puis, je n'ai pas trop de théories là-dessus. J'ai des idées assez précises mais pas de théorie générale.

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  13. FP:Oui, je vous comprends tout à fait et je suis d'accord. A travers diverses expériences, analyses de pièces de théâtre, ateliers d'écritures, lectures et rencontres avec des auteurs, critiques de cinéma, de peintures, d'art contemporain quand il apparait de trop grandes divergences, il y a un problème qui ne se résout pas en renvoyant à la libre interprétation du lecteur, auditeur, spectateur...Bravo pour ce texte qui n'est pas concerné par ces réflexions.

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