jeudi 17 mars 2011

Une nuit après l'autre

Derrière la vitre
Fendue la nuit
Fermentait depuis
Des heures crevant
De temps en temps le
Silence épaissi
Comme on déchire
Un drap de
Colère
L’enfant mangeait
Cette nuit si
Dense bou-
Chée après bouchée
Fermait avec les doigts
Ses oreilles aux
Bruits de la chambre
Voisine
Et chantonnait une 
Soupe de sy-
Llabes incompréhensibles
Oubliant leur sens
A mesure qu’elles s’échappaient
D’entre ses lèvres
Et se mêlaient à la
Nuit
Et quand il re-
Vint à lui
Il trouva son matelas
Détrempé
Et ses jambes
Collantes d’urine
Froide

8 commentaires:

  1. ça parle du trou, du gouffre, du plein du vide ... me frappe.
    out
    in
    out
    in
    breathing

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  2. Fermentation de la nuit et du corps de l'enfant : le retour à la réalité est brutal. Faut même changer le matelas !

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  3. La nuit déforme le familier, le tord jusqu'à le rendre terrifiant. C'est une véritable bouillasse, la nuit que vous décrivez, un cloaque purulent. Que se passe-t-il de si terrible, dans la chambre d'à côté ?

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  4. « Une nuit après l'autre » le malheur creuse son lit dans ce petit d'homme qui devrait s'éveiller à la vie mais que la terreur annihile jusqu'à en perdre les réflexes primaires. Le gosse essaie de ne pas sombrer dans le sommeil, de passer la nuit dans un état de semi inconscience. Sa respiration asthmatique, sa bouillie de mots indistincts, ses oreilles bouchées sont autant de tentatives pour vaincre ses terreurs, traverser la nuit. Il se retient tellement qu'il sombre à une profondeur telle qu'il s'oublie. Cette énurésie nocturne va ajouter sa honte à ses manques affectifs.
    Cette fois ci, il n'y a pas de chaleur dans le texte de Francisco Pittau. L'histoire est noire
    plus noire que la nuit. Hugo va être jaloux pour Cosette. Elle exhale des odeurs de peurs, de renvois, d' haleine fiévreuse, de pisse. Il fait une description très réaliste d'une maltraitance qui peut avoir une part de subjectivité mais qui ne reçoit aucune écoute. Le titre est implacable. Il ne s »agit pas d'un accident, il en est ainsi nuit après nuit. Il n'est, même pas sur que ces nuits aient une fin. Il décrit de moment où l’épanouissement de ce petit être s'effondre, où des traces plus indélébiles que l'urine vont le marquer à jamais et l'amputer de la petite part d'enfance qui,chez un adulte élevé avec amour,est un solide radeau de vie et de survie. Il arrive hélas que la réalité dépasse la miction.

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  5. La nuit derrière la vitre fendue, à l'image d'un "antre derrière la fissure ensanglantée de la femme parturiente".
    Atopie de la scène invisible. Nuit du lieu originel.
    :)

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  6. Ou nous sommes dans l'abîme d'un cauchemar, dans le scandale infernal que sera toujours la souffrance d'un enfant, "d'un être à son aube, qui sait peu ou rien des choses et de lui-même".

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  7. @Kouki. Oui/non/oui/non... t'es en train de me dire que je suis binaire, c'est ça ? :)
    @brigetoun. Résultat... un texte.
    @Dominique Boudou. Le matelas et le pyjama. Merci, m'sieur Boudou.
    @FM. Si je l' savais... (Vous avez l'oeil, vous... :) )
    @patrick Verroust. Oh, le joli jeu de mots pour clore cette longue intervention. :)
    @Michèle. :)

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