Il avait poussé son
Souffle parmi les
Arbres calcinés
Les buissons rava-
Gés et les touffeurs
De la cendre qui
Pleuvait sur ses
Cheveux déjà gris
Effilochés
La chaleur em-
Plissait sa bouche
D’une fourrure que
Son amère salive
Détrempait à peine
Et sa main asséchée
Ecartait les branches
Cassantes comme
Des dents mortes
Des fumerolles déroulaient
Leur panache entre
Les aiguilles noires
Et les pierres brûlées
Mais il continuait de
Glisser son pas sur la
Poussière avec dans l’œil
La tache palpitante
De l’eau d’un lac
Au loin
Il lui venait des pa-
Roles absurdes aux
Lèvres des remords
Des regrets des pro-
Messes pourries
Et de brusques sursauts
De fierté
“Toucher l’eau !” se dit-il
Et il frôla d’un doigt en-
Fièvré ses joues maigres
Oh bordel... un de mes préférés de vous, j'dois dire... J'en suis à la cinquième lecture.(Si Verroust la ramène, j'tue l'chien !)
RépondreSupprimerRecommencement et espoir,poésie du "Montana"...
RépondreSupprimerMoi aussi,cinquième lecture...
RépondreSupprimerValentin vous êtes une fine lectrice. Bien vu le "Montana".(quand je pense que j'ai aimé lire La Route de McCarthy. Non mais quelle abrutie !)
RépondreSupprimerJ'ai vécu dans un pays de ressentiments, de vengeances sourdes, remâchées, recuites , pourries, de paroles absurdes chargées d'un poids d'honneur. C'est un pays de grands incendies, j'ai connu les forets après qu'elles aient brulées. Le récit de Francisco Pittau est tellement vrai que j'ai l'impression d'y être. J'ajouterai un point . Un acte aussi extrême que celui que,ce probable forfait, témoigne d'un attachement viscéral à ce qui est détruit de rage parce qu'il était un art de vivre. Cette rage est, souvent, celle d'une communauté. C'est un simple qui l'accomplit. Révolte primaire contre les abus du droit de la propriété ou de ceux de l'état. Cette fois ci , le texte prête à évasion. Le talent de Francisco Pittau , ici, au-delà du réalisme du reportage est de faire de celui qui pourrait être une bête aux abois , un homme qui se ressaisit, reprend conscience de lui,de ses actes , se donne un but. Il y va poussé par la simple et impérieuse soif, mais aussi par le besoin primaire et païen de retrouver l'eau lustrale avec un acharnement de paysan puis advienne que pourra .« Il faut aller au bout de la chose »disait Maudru (Joseph Kessel).A l'intention d'ADS: Avant de tuer ce chien qui n'y peut mais, j'ose lui suggérer de lire quelque ouvrage sur le phénomène heyoka, les indiens contraires chez les indiens des plaines. Dans les rituels , ils étaient des sortes de clowns mais bien plus que çà. L'art du cirque a inventé le clown de retour mais nous ne savons pas parlé avec les punks. Merci de m'y avoir fait penser,sans le vouloir.
RépondreSupprimerFP:Vous pouvez supprimer mon mot à l'intention d'ads. Votre blog n'est pas le lieu pour régler de sottes querelles et des gamineries qui ne vous concernent pas. Je me rends, aussi, ridicule qu'elle en me prêtant à son jeu. Si j'ai quelque remarque à lui faire , elle a un blog pour les recevoir. Elle peut ne pas apprécier mes commentaires, cela doit rester circonscrit. Cette dernière intervention peut aussi disparaître. Par vos écrits, vous créez une atmosphère qui n'a pas à être polluée.
RépondreSupprimer"On peut toujours plus que ce que l'on croit pouvoir." (J. Kessel, puisque vous l'affectionnez)Pour parler avec les punks, je vous suggère la lecture du recueil de Julien Campredon, intitulé "Brûlons tous ces punks pour l'amour des elfes", aux éditions de Monsieur Toussaint Louverture :o)
RépondreSupprimerADS:Figurez vous que certain poème que j'ai écrit pour eux, leurs parlent ou plutôt leurs parlaient,à ces citoyens paumés, abandonnés,(on fait plus attention aux crottes de leurs chiens).Enfin, je ne voudrais pas me vanter d'un temps qui n'est plus mais qui n'est pas si loin.
RépondreSupprimerBelle plongée ! Superbe
RépondreSupprimer"des remords des regrets des promesses pourries"ce passage là, juste avant de prier mais lui ne priera pas. Fort.
RépondreSupprimerM'sieur Pittau, appelez la SPA. ADS a tué son chien, j'imagine.Maintenant je vais lire votre texte.
RépondreSupprimerAh ! cette sensation de fourrure dans la bouche. Effrayant, mais ça va bien avec la soif. Le clin d'oeil à la poésie du Montana me semble juste.Bon, j'vais tuer l'temps, c'est plus ambitieux que de s'en prendre aux pov' bêtes.
RépondreSupprimerCet "environnement de sons, de sens et d'expérience", qu'est le poème, (l'expérience de l'espèce humaine que nous portons en nous), est ici superbement orchestré.Le feu a tout ravagé, mais la vie résiste dans le mouvement de l'homme, (on a le souffle du début, soutenu par la succession de liquides, labiales et sifflantes),[Il avait poussé sonSouffle parmi lesArbres calcinés]que suit le mouvement du poème, qui avance par une série de décrochements et de légers rebrousse-poil.
RépondreSupprimerAh c'est franch'ment génial !
RépondreSupprimer@AdS. Vous m'en voyez ravi. Une sixième ? C'est moi qui offre !@Brigitte. Du Montana ? C'est où ça ? :)@Brigitte. Donc ce texte a été lu dix fois en tout. Pas mal. J' suis satisfait.@AdS. J'ai lu "La route". Vous avez raison. :)@patrick Verroust. Effectivement, aller au bout des choses. Y a un moment, j'ai lu pas mal Kessel. Pas tellement pour l'écriture mais parce qu'il racontait des histoires avec des enjeux. De vrais enjeux. Avec le recul, ce sont ses livres-reportages que je retiendrais.Sinon, j'ai pas supprimé : je suis arrivé trop tard et comme la partie est largement engagée entre AdS et vous, ça ne résoudrait rien que je supprime par après.@AdS. Toussaint Louverture fait de beaux livres. C'est vrai.@Isabelle C. Merci à vous. :)@kouki. Prier, ça m'étonnerait aussi qu'il le fasse. :D@Dominique Boudou. J' vais demander à Ads d'éponger le sang.Une petite loutre dans la bouche, ça vous tente pas ?@Michèle. Vous avez l'oreille aux aguets. C'est pas courant, je trouve. Merci.@Douglas. Génial ? Ça m' fait plaisir mais ça m' paraît largement exagéré. Mais ça m' fait plaisir.
RépondreSupprimerIl arrive que le travail d'écriture se dépasse, franchi les bornes invisibles des barrières du langage. L'écrivain , le poète agence les mots pour franchir les chicanes de l'indicible, de l’incommunicable. Parfois, par je ne sais quel sortilège, toutes les défenses sont annihilées. Des évidences s'imposent,deviennent lumineuses. Est ce du au talent de l'auteur ou un effet de la subjectivité du lecteur. En vérité, je pense que c'est la collision des deux. Le mérite en revient à l'auteur qui réveille des pensées plus ou moins enfouies,se révèlent partagées et ceci est très important. J’ai pensé, longtemps cette nuit à l'histoire de cet homme fou qui court pour étancher sa soif et se purifier dans un baptême païen de ce qu'il a du transgresser. J'ai dit hier que j'avais vécu ou été témoin d'histoires comme celle là (ce n'est pas un aveu de pyromanie!) . Il n'y a pas de mots qui viendront se sur-imprimer à la vision que j'ai du vol des oiseaux en flammes ni au goût étrange du lourd secret d'une communauté villageoise qui « sait » protège le « coupable » ou pas. La compréhension qu'il y a des lois supérieures aux lois des hommes ou des Dieux , personnelles à l'individu qui le poussent à aller au bout d'un acte impérieux, nul ne saurait la décrire sauf l'écrivain , le poète, quand il se retrouve démiurge sans même, peut être le savoir. Le génie est parfois, tout simplement, un travail artisanal , particulièrement, réussi ou qui arrive, juste, à un moment d'ouverture de la conscience. J'ai en mémoire des livres dont je me souviens des mots ou des bribes de phrases, il y en a d'autres qui m'ont apporté davantage que des mots, ceux là , je les ai oubliés,Ils sont mes fondations. Que conclure ? Merci, Francisco Pittau.
RépondreSupprimerJ'étais venue ici pour lire votre poème et je l'ai lu, je dirais même je l'ai respiré, humé, visualisé. Il est fait pour ça, je pense, il atteint pleinement son objectif.Mais quand j'ai vu toutes ces analyses qui sont déversées chez vous, une pointe de découragement devant ces lectures historiques, alors je n'ai pas pu et je me suis retirée sur la pointe des pieds ! Pardon pour le dérangement et le vain commentaire. A.L.
RépondreSupprimer@A.L. Si vous avez lu, c'est l'essentiel. Et votre commentaire est très bien : "respiré, humé, visualisé"... :)
RépondreSupprimerVotre poème m'évoque une lecture à laquelle j'ai assisté il y a quelques années. Un homme lisait des textes sur la soif dans les camps. Un texte terrible, à l'écoute duquel - comme dans ce poème - le spectateur finissait par souffrir lui aussi d'une soif épouvantable. Et cela se terminait par "Il y a des gens, quand ils on soif, ils entrent dans un café et ils commandent une bière". Je garde un souvenir trés vif de ce moment et votre poème me le fait revivre. (cassantes comme des dents mortes, ah là là, c'est quelque chose...)
RépondreSupprimerMême quand le corps rend l'âme, rien à faire, un mirage vous nimbe l'oeil.
RépondreSupprimer@FM. Un verre d'eau ? :)@Frederique. C'est bien possible, Frederique. Bien possible.
RépondreSupprimer