Au sein plat l’enfant
S’accrochait de ses mains
Brunies jetant son regard
Bleu sous ses mèches
Blondes suçant
Parfois sa mère
Qui lui essuyait ensuite la
Bouche d’un bout
De sa robe crasseuse
Mouillé de salive
Epaisse
Entre les étals des
Viandes crues et des jambons
Un homme
Tendait les moignons
De ses bras aux
Passants
Souriait large
Dans sa figure en
Carton montrait ses
Dents fendues ses
Gencives rosâtres
Et l’allumette brasillant
Dans chacune de ses
Pupilles
L’odeur de la mer
Remontait jusque-là
Pareille à un rideau
Les cris des oiseaux
Eparpillaient l’espace
Impassible
Et le ciel dessiné
D’un seul trait
S’accrochait de ses mains
Brunies jetant son regard
Bleu sous ses mèches
Blondes suçant
Parfois sa mère
Qui lui essuyait ensuite la
Bouche d’un bout
De sa robe crasseuse
Mouillé de salive
Epaisse
Entre les étals des
Viandes crues et des jambons
Un homme
Tendait les moignons
De ses bras aux
Passants
Souriait large
Dans sa figure en
Carton montrait ses
Dents fendues ses
Gencives rosâtres
Et l’allumette brasillant
Dans chacune de ses
Pupilles
L’odeur de la mer
Remontait jusque-là
Pareille à un rideau
Les cris des oiseaux
Eparpillaient l’espace
Impassible
Et le ciel dessiné
D’un seul trait
Tribus silencieuses et de plus en plus nombreuses.
RépondreSupprimerCet art de saisir ces moments de grâce malgré tout, malgré les blessures, la crasse...
RépondreSupprimer« Tribus silencieuses », ce poème- songerie, médite sur la force vitale des pauvres hères, sur l'état immuable de la marche du monde. La mer laisse l'enfant téter son « sein plat » tari, accomplit les éternels, universels, gestes maternels, lui essuie la bouche,d'un « bout de robe crasseuse » .L'infirme essaie d'exister, de dépasser son état de « freak » de faire partager malgré ses moignons, son sourire en carton, métaphores superbes et glaçantes, sa joie de vivre, de faire appel à la solidarité de l'espèce. Dans l'absolue précarité,chacun vit le moment comme un instant d'éternité. Les éléments naturels, « l'odeur de la mer » les oiseaux qui éparpillent le ciel, (superbe image) dessiné d'un seul trait oppose, avec poésie, la réalité des lois de la vie,des destinées ,sans morale ni conscience « naturelles ». Ce poème semble peint au pastel sec,en quelques gestes rares et définitifs tout est dit sur les tributs qu'acceptent de payer,de toute éternité, les anonymes damnés de la terre qui nous représentent tous, pour une minute de vie, sur la fatalité immuable des fatums, sur la marche agonisante de l'humanité. Ce poème est important, il décanille, tranquillement, l'hypocrisie, la protection du politiquement correct, la part de vanité des bonnes consciences et des bonnes actions. Il dit froidement une réalité
RépondreSupprimerqu'il n'est pas possible d'ignorer si on veut avoir l'espoir d'actions efficaces pour d'imperceptibles progrès à l'échelle d'une vie.
Le Tragique en 3 tableaux et la "peau" déclinée pour un ultime tannage aux embruns.
RépondreSupprimer@Dominique Boudou. Sans doute, oui...
RépondreSupprimer@Depluloin. Oh ben, merci pour votre raccourci contrasté.
@patrick Verroust. Décaniller... y a longtemps que j'avais pas vu ce verbe utilisé. M'en souviendrai.
@Frederique. Dans toute tragédie, y a une part de comédie... même fortement dissimulée... enfin, je crois...
Un poème très prenant et funeste.
RépondreSupprimerQue décrit l'oiseau qui éparpille l'espace ; un lettre d'amour ?
RépondreSupprimerdes pensées amies pour 2O12
Bistouilles à vous Kara