mercredi 25 janvier 2012

L'avant-goût de l'aventure

Il serrait dans son
Poing une rage plus
Dure que les pierres
Du jardin effondré
Sous les pluies et
Le froid
Il croyait tri-
Turer malaxer mal-
Mener son cœur
Dans sa paume
Aussi sèche que
La brique

Par-delà le mur
Ravagé par
La vigne il
Percevait un tintement
Vert une envolée de
Voix d’enfants
Le piétinement
Des foules harassées
Le lourd clapotis
De leur sang

Le ciel dessinait
Sur les vitres
Des visages vite
Evanouis des yeux
Des bouches
Des gouffres blancs et
Des monts neigeux
Qu’il contemple
Pieds plantés dans
Le gazon inerte
Et doigts
Crispés sur le
Caillou brûlant

21 commentaires:

  1. Clap clap clap ! Noir et serré comme d'hab.

    RépondreSupprimer
  2. Sec et pierreux. Fort heureusement, le clapotis - même si c'est du sang - humidifie un peu. Ola Francesco, como estas ?

    RépondreSupprimer
  3. Première strophe, une rage palpite dans la main de l'homme, la brique en main est la matérialité charnelle de son cœur qu'il malaxe ,on sent le sang battre,confluer, cogner. Les mots roulent ,rocailleux.Deuxième strophe, il entend une scène de vie à la frontière de son territoire, cris d'enfants en volée de moineaux , la foule des journaliers harassés, fleuve de sang clapoteux. Ces inconnus, il les contemple, passants hâtifs , indifférents, mais il se sent agressé , sur une défensive meurtrière, »les doigts crispés sur « le caillou brulant ». Ce poème étonne par la séparation ,quasi littéralement, verticale des deux univers, celui de l'homme, celui du reste du monde. Une membrane poreuse semble les séparer, assourdit les tensions,la violence du début s'est un peu estompé. Mais sous l’apparence de la normalité, une pulsion violente est là latente, armée,elle peut exploser à tout moment, étouffer une « voix d'enfant »,fendre un mont neigeux, « évanouir des yeux ». La force singulière de ce poème tient que la division des deux mondes semblent partager le texte , en deux parties , coupées en deux dans le sens de la hauteur et néanmoins collées, inséparables dans une impossible cohabitation. La folie rode, guette, dans les rires,la foule en son imbécile troupeau, dans l'autisme, sa paranoïa, qui ne supporte pas une intrusion dans son univers clos. Cette folie est aussi la vie, en ses étranges monstruosités sans lesquelles il n'y aurait, peut être ni poésie ni poète , aux visions « noires et serrées »....Clap, clap...mais pas de fin !

    RépondreSupprimer
  4. Le cœur sur la main, je vous le dis : re-mar-qua-ble. Pardon, dans la main le cœur!

    RépondreSupprimer
  5. l'arrière-dégoût de la meurtrissure

    RépondreSupprimer
  6. Quelle aventure devant une page qu'on pensait blanche avant de prendre la plume sur la commode!

    RépondreSupprimer
  7. T'as-tu les doigts cripsés sur ta plume, ô Francescopittau ?:0D("Noir et serré", excellente critique de Zoë...)

    RépondreSupprimer
  8. Pour la membrane poreuse, j' suis assez d'accord.

    RépondreSupprimer
  9. J'aime bien votre expression "arrière-dégoût"...

    RépondreSupprimer
  10. Une aventure chaque fois recommencée. C'est cela qui est bien.

    RépondreSupprimer
  11. "noir et serré" comme un café ? Ô Sôphie !

    RépondreSupprimer
  12. Rêve d'une machine qui recenserait les sonorités de vos poèmes. Qu'on voie d'un coup d'un seul, comment cette langue est en travail, comment elle réussit cet âpre broiements des mots.Car vos poèmes, celui-là et tous les précédents, sont comme des grenades sans goupilles, prêtes à nous péter dans les mains :)

    RépondreSupprimer
  13. Enlever le s de broiement bien sûr, défiguration bien mal venue quand il s'agit de saluer une mécanique impitoyable :)

    RépondreSupprimer
  14. Une machine à sonorités ? :DC'est une idée amusante en tout cas.

    RépondreSupprimer
  15. jé ri1 konpri mé sé tré bo komeme ♥

    RépondreSupprimer
  16. Moi non plus. Et je m'en porte pas plus mal.

    RépondreSupprimer