La lune salope son œil
Tranquille
Sur le paysage dévasté
Par l’obscurité
Où subsistent des loupiotes
Palpitantes
Des façades ravagées
Et des fumées si
Blanches dans la nuit
Les prairies arrivent
Par à-coups dans
L’éclat clinique des phares
Des chevaux apparaissent
Debout dans l’herbe
Puis des murs effondrés
Puis des portails
Anciens
Puis des fossés profonds
Puis plus rien
Que la nuit
Oubliés les jardins
De trois choux
Les potagers encaqués
Entre des murs bas
Oubliés les jours
Solaires
A peine troublés
Par le long meuglement
Des vaches
Et le friselis des haricots
Rien que la nuit
La nuit fraîche sur le
Pare-brise maculé
D’éclaboussures d’insectes
Tranquille
Sur le paysage dévasté
Par l’obscurité
Où subsistent des loupiotes
Palpitantes
Des façades ravagées
Et des fumées si
Blanches dans la nuit
Les prairies arrivent
Par à-coups dans
L’éclat clinique des phares
Des chevaux apparaissent
Debout dans l’herbe
Puis des murs effondrés
Puis des portails
Anciens
Puis des fossés profonds
Puis plus rien
Que la nuit
Oubliés les jardins
De trois choux
Les potagers encaqués
Entre des murs bas
Oubliés les jours
Solaires
A peine troublés
Par le long meuglement
Des vaches
Et le friselis des haricots
Rien que la nuit
La nuit fraîche sur le
Pare-brise maculé
D’éclaboussures d’insectes
Voici un poème obscur!La lune salope son oeil tranquille: j'aime ce choc poétique!Virer nocturne: l'emploi de cet infinitif dans le titre sublime le texte. Je me rappellerai de cet infinitif lors de mes balades nocturnes...
RépondreSupprimerOn est dans la voiture et on n'a jamais vu la nuit comme ça, ou plutôt non pas dans la voiture mais quelque part dans le paysage qui nous fait voir les trouées des phares dans la nuit, on est dans un film et son long plan qui n'en finit pas.S'il en est encore pour ne pas savoir comment la poésie crée le monde, invente ce qui sans elle n'existe pas, que dis-je la poésie, allons au fait, ce poème-là et tous les textes de ce blog...
RépondreSupprimerJ'appuie sur "J'aime", le pouce levé. Quitter un pays comme ça, en poésie. Et des mots de vacances : encaqué, fiselis - qui chatouille un peu lui.
RépondreSupprimerVerticale l'a déjà souligné : le choc des images. La puissance évocatrice de la "chute", dans l'hyperbate : "Oubliés les jardinsDe trois choux" L'effet sonore : "L'éclat clinique des phares", qui annonce presque le claquement des sabots des chevaux. "Les potagers encaqués" : (le dernier choc dont je me souvienne avec ce mot, c'est ceci, de Sylvie Germain dans "Le monde sans vous", évoquant sa mère morte quelques semaines plus tôt : "Flammerole ma mère, ma vive ma fantasque, tu gis claquemurée. Quelle peut donc bien être la dormance des corps encaqués dans les tombes? (...)")Et puis le rapprochement insolite :"A peine troublésPar le long meuglementDes vachesEt le friselis des haricots"
RépondreSupprimerC'est amusant comme le même mot, "encaqué", a des résonances différentes selon les lecteurs :)Je dis cela car je n'avais pas, écrivant le mien, vu le commentaire de Depluloin (malgré la demi-heure d'écart :) Quand je commente chez Pittau, je reste assez longtemps sur mon "travail", j'efface, je précise, je cherche le nom de telle figure de style, etc.
RépondreSupprimerQuand je commente chez Francesco Pittau et ailleurs, bien sûr...
RépondreSupprimerCe poème me semble dans la veine road movie de « la mer au loin » et « dernière station ». La subjectivité part de la lune comme on regarde de Sirius et se salope dans la pouilleuse condition humaine, dans le glauque urbain. L'approche n'est pas intellectuelle, les mots sont lourds , leurs sonorités rageuses haletantes, cliquetiquent. L'utilisation de purs phonèmes créent des allophonies subtiles. Au claquement apnéique du « puis » succèdent le souffle doux de « nuit », et les trois exquis phonèmes de « fri/se/lis » des « ha/ri/cots » , plein d'humour, bien dans le style de l'auteur.La matière poétique, ses sonorités font jaillir l' impression d'entendre le moteur, de voir les phares fouiller l'espace, d'entendre et voir les chevaux , dans un arrachement difficile à la ville et aux jours solaires.Le point d'équilibre se situe sur le superbe « encaqué » . Il symbolise, à la fois, l'entassement des potagers, le claquement des sabots et des soupapes. Un apaisement surgit avec les friselis des haricots. Il ne reste rien que la nuit, la nuit fraiche. Le pare brise qui focalise la vision est , en réponse , au panoramique du début, non pas « salopé » mais « maculé ». C'est signé, Pittau ! Ce poème n'est pas dans l'univers des bisounours. Mais, je trouve qu'il est plein d'ironie et d'humour, le poète prend plaisir à jouer de son clavier de créateur d'images sonores et visuelles. Il y a des clins d’œil qui valent plus que « trois choux » !
RépondreSupprimerCe terme "encaqué" me parle...té, il me parle de mon enfance..Gars du nord d'origine, amoureux du sud où j'ai habité, il me plait que ce mot soit vivifié par un type du sud qui vit en Flandre où il naquit avant de faire florès dans le sud..
RépondreSupprimer@Verticale. Merci pour votre appréciation. Bienvenue.@Michèle. Si j'ai réussi à mettre un peu de mouvement dans tout ça, j'en suis plutôt content. Votre avis me fait très plaisir, bien entendu, comment pourrait-il en être autrement ?... @Depluloin. De vacances ? De vacance ? :)@patrick Verroust. Je confirme : je ne suis pas du pays des bisounours. J'ai pas de poils roses. Pas encore en tout cas.
RépondreSupprimerEncagué, on dit ... nunuche (s) ...
RépondreSupprimerFrancesco, je suis une visiteuse assidue de votre blog. Je me laisse parfois aller à laisser un commentaire ... A la relecture de votre texte, j'ai été saisie par son clignotement!lune/salopetranquille/dévastéobscurité/loupiotesblanches/nuitphares/nuitencaqués/solairemeuglement/friselis
RépondreSupprimerAciéries crachant leurs panaches, si ardents la nuit, déversaient leur blanche chaux et leur suie funeste sur les jardinets ouvriers sous les vibrations du marteau-pilon, choux et salades, poireaux et patates, pour les soupes de l'Europe émigrée, méticuleusement alignés dans le prolongement des briques du coron, entretenus et nourris du fumier récolté tout près. L'impasse nous fit prendre la route.
RépondreSupprimer"Encagué"... c'est ce que j'avais dû lire. Voir à regarder encaquer dans le Petit Robert. (Michèle a raison, on ne commente pas à la va-vite!)Le ferait plus."De vacances" mais de vacance est tentant. Peu flatteur mais tentant.
RépondreSupprimer@Vinosse. Si tu le dis.@Verticale. Effectivement, ça peut fonctionner comme ça aussi.@Frederique. :)@Depluloin. Oh, je voulais pas vous froisser. C'était juste une plaisanterie.
RépondreSupprimerDes images très fortes. J'aime beaucoup celui-là.
RépondreSupprimer