mardi 7 février 2012

L'éternité avant la guerre

Une goutte de chair
Rose tombait sans fin au
Fond de sa gorge
Un sanglot
Palpitant
Qui trémulait à
Chaque pleur à
Chaque cri

Et l’air vibrait
Comme la peau
Tendue
D’une membrane
Et l’air saturé
D’une saveur
Noirâtre
Freinait la respi-
Ration
Comme une pièce de
Monnaie

D’un mur à l’autre
Du linge pendait
Une odeur d’ex-
Créments et d’urines
Amenuisait l’espace
Chaque bouchée
De pain
Et de viande pimentée
Semblait interminable
Mâchée
Avec la lenteur
Sidérante du monde
Qui s’ébrouait
Sous le vélivole
Des premiers
Flocons

3 commentaires:

  1. Sé bo 7 poéssi moa jadore la poéssi moderne kan ya pa de rimme toussa ♥

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  2. Tiens une anonyme qu'on reconnaît. C'est rare, ça.

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  3. Francisco Pittau saisissait des instants de vie , maintenant il immobilise des instants d'éternité.J'ai tendance à penser que l'éternité ne dure qu'un instant. Bref, ce n'est pas le moment d'une glose, ce serait trop long !Le titre « l'éternité avant la guerre » oriente l'imaginaire du lecteur. Pour moi, j'ai l'impression d'assister à une pause douloureuse. La peur, « chaque pleur,chaque cri » sont combattus par l'application mise à une mastication mécanique, animale. Le mangeur mange avec une obstination lente qui repousse les pensées et dilate l'instant présent, oblitère le futur immédiat.Au fur et à mesure du déroulé de l'action, une prise de conscience de l'environnement et des conséquences sur l'individu, se fait, l'air vibre et est malodorant ,la respiration est freinée. L'ingurgitation rythme le texte, elle finit par déboucher sur un ébrouement, comme un moment de vie civile, contemplative,sous le vélivole des premiers flocons. Je ne parlerai pas de l'emploi et de l'agencement des mots par le poète pour traduire cette oppression subie. Je retiens que le sanglot trémulait et le vélivole des flocons.

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