dimanche 25 mars 2012

Juste après les fumées

Entre les saules noirs
Les fossés
De drainage à la gueule
Boueuse et
Feuillue
Les animaux placides
Le regardaient avancer
Sous les premiers coups
De coude du soleil

Une ville frémissait dans
La brume encore
Fraîche et des clameurs
Claires comme des éclats
De faïence
Constellaient le silence

Il avait laissé la vaste
Maison les gémissements
Les geignements les vagissements
De la colère la bile
Répandue les mots pareils
A des bouts de viande
Saignante
Eparpillés sur le carrelage
A fleurs grises
Il avait laissé la
Lessiveuse aux linges
Entortillés
Pisser son jus
Il avait laissé la porte
Béante sur la pénombre
Des pièces profondes

Tâtant à travers
La chemise la plaie
De sa poitrine
Il marmonna des
Phrases anciennes des
Conseils desséchés
Des mots ineptes des prudences
Insensées
Pour cet après-midi figé
De fin d’hiver

“Respire doucement res-
Pire sans flancher ne compte
Pas tes pas garde-toi du
Sommeil endors-toi si
Tu peux mange bois
Pas trop vite fais attention
Tu vas tomber ne marche pas
Dans l’eau c’est absurde
C’est tout”

Et comme il se mettait
A sourire aux bêtes et aux
Herbes une mouche bleue
Indolente
Vint se poser
Sur le dos de sa main
Gauche

7 commentaires:

  1. Un très beau poème, avec une mélodie prégnante.

    RépondreSupprimer
  2. Dans le décor....Le gars s'est , violemment, rebellé, il a fait une sortie de route , il s'avance dans le décor, dans la nature régénératrice, qu'affectionne tant Francisco Pittau. Elle lui donne les premiers « coups de coude du soleil ». Le gars, probablement, jeune, laisse de côté la ville, ses clameurs « éclats de faïence ». La révolte a du être violente, sanglante, elle est peinte en lettres sanguinolentes, à grands jets d'humeurs, la bile, la lessiveuse pisse...L'homme, qu'on empêchait de grandir, fuit, malgré sa blessure, en ressassant les incantations qui l'emprisonnaient. La nature qui ne juge pas, lieu de vie des fauves et des bêtes sauvages qui n'obéissent qu'à leur instinct de survie, le calme et l’accueille, il se sent revivre « il se mettait à sourire aux bêtes et aux herbes ».On ne sait pas ce qui s'est passé, on ne sait comment l'homme a été blessé, on assiste à sa course. Le poème est ramassé ,dense, il exprime un mouvement, une cinétique sauvage, avec une rythmique en forme de respiration forte,rauque. l'explosion de colère accompagne la fugue, on regarde le fuyard, avancer à l'instar des fossés et des animaux . Nous sommes dans le décor.

    RépondreSupprimer
  3. Dans vos récits j'aime toujours la façon que vous avez de décrire les temps et j'aime les cadrages surtout. Le dernier portant la mouche bleue est très fort.

    RépondreSupprimer
  4. Si vous êtes dans le décor, je suis ravi.

    RépondreSupprimer
  5. Âpre et beau. Mais, et je ne sais pas pourquoi cette mouche bleue indolente ...ramollit ce que j'aurais préféré brisé, cassé, rompu..ça change bien évidemment des odeurs qui cognent, etc..et c'est sans aucun doute voulu. Quoi qu'il en soit, il est magnifique

    RépondreSupprimer