dimanche 24 juin 2012

Rita

Elle entassait dans son sac
De toile
Grège de petites peluches
Roses vert dense ou bleu
Electrique qu’elle manipulait
Sans un regard le visage
Offert au ciel
Qui emplissait ses yeux
D’un azur marbré

A la terrasse ensoleillée
D’un bistrot elle buvotait
Un café refroidi
Laissant sur le bord
De la tasse la trace
De ses lèvres
Qu’elle gardait entrouvertes
Sur des dents blessées
Et des gencives
D’un rouge effacé

Vers le soir
Elle traînait un peu
Par des places et
Des ruelles frémissantes
D’odeurs d’épices d’aromates
Et de barbaque recuite
—à chacun de ses pas
Tintaient les minces bracelets
De ses chevilles lacées
De veines bleuâtres

7 commentaires:

  1. Francesco,

    En portraitiste du quotidien, des petits riens, des gens de peu, vous devenez artiste. Ce texte arrive à traduire la gêne ressentie devant le spectacle du dénuement et des souffrances introverties.

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  2. Ses "chevilles lacées de veines bleuâtres" ... Un réalisme poétique qui génère une véritable angoisse (la gêne ressentie, en effet.)

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    1. Le réalisme, ah oui, je ne crois qu'à ça... même le réalisme décalé comme le vôtre.

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  3. (...) qu’elle manipulait
    Sans un regard le visage
    Offert au ciel

    Ni vraiment asyndète non plus que chiasme, cette figure est la première déflagration du poème.
    Qui regarde ? Qu'est-ce que ça regarde ? Rita me regarde...

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    1. Déflagration me convient... je voulais juste une rupture à cet instant, un "grincement".

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  4. Relire écouter le poème dans ses assonances houles de voyelles doubles nœuds de consonnes qui disent l'informe, les frottements, les contractions, la caresse parfois.

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