mercredi 18 juillet 2012

Josepha

Elle ne voulait rien
Savoir des baisers
Eperdus des courses sans
But des phrases hachées
Ululées sous les lampes
Des supérettes
De nuit
Elle ne voulait rien
Savoir des cris
Des dents sur la peau
De sa nuque 

De la salive bue
A grands traits
Goulus

Ses histoires se comptaient sur
L’orteil d’un seul pied
Et elle s’égosillait qu’on
Ne l’y prendrait plus
A s’ouvrir en éventail
Pour la satisfaction
D’un type couvert
De poux

Elle brûlait ses heures
A façonner des fleurs en
Papier à broder
Des toiles d’araignée
Et à dénombrer
Inlassablement les pots
Et les vases ébréchés
Qu’elle empilait
Avec soin au fond
De son jardin
Où l’ortie croissait
Comme une vague
Figée

8 commentaires:

  1. L'histoire de cette femme qui se refuse au jeu de la chèvre et du bouc est probablement,assez banale. Elle est croquée (l'histoire pas la femme!) avec des vers courts incisifs qui traduisent les fuites et poursuites, sur un ton "cochonou ,canailloux,crapoteux" qui franchit la ligne jaune des jeux des flirts, librement consentis. La seconde strophe, la transforme en vieille rosière à tapisserie et macramés..... Ces deux strophes permettent l'expression d'une splendide métaphore sur la frigidité choisie "où l'ortie croissait comme une vague figée" . S'en est un vrai régal! Chapeau l'artiste pour cette inventivité narrative, concise et qui résonne loin comme un écho...

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  2. On sort de cette lecture soûl, titubant. Excellent signe. (Josepha est la femme de Louis de Funès dans... Ceci pour étaler ma culture.)

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  3. Oh, la banalité, ça me convient tout à fait. Je suis persuadé que c'est là qu'il faut creuser. :)

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  4. Merci...Pour Louis de Funès, je peux pas vous aider... je suis nul en Louis de Funès... A part "ni vu ni connu" j'ai pas vu grand-chose de lui (du moins entièrement). Désolé.

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  5. « Les fleurs ne vivent qu'à l'année. Dans les hommes monte une sève qui passe les saisons.Les fleurs sont sans passé. Elles sont même sans saison.Le temps comme printemps les hommes l'ont inventé.Le printemps sur les jeunes filles et sur les jeunes garçons, comme beauté, les hommes l'ont inventé. »***J'eusse aimé entendre la lecture du « Canari » :http://remue.net/http://remue.net/spip.php?article5339

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  6. Étonnant les réactions qu'on peut avoir à la lecture d'un poème. En lisant Josepha, j'ai eu devant moi une femme arrivée au bout d'une course (comme la course du soleil), et j'avais envie de trouver du sens à tout cela et je suis allée lire ailleurs, chez Quignard (Les Ombres errantes), dont j'ai recopié ces quatre lignes - pas écrites en suivant chez Quignard -.Les toiles d'araignée, les vases ébréchés : rien à recommencer, mais continuer, continuer et inventer...

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  7. Je vois que vous avez le lien qui permet d'entendre ma "performance"... que je n'écouterai évidemment pas...

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  8. D'autant plus étonnant que je ne suis pas un lecteur de Quignard. :)Mais bon, les rencontres fortuites...

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