dimanche 29 juillet 2012

Yasmine

A son oreille droite
Elle portait un dragon
Poudré d'or
A son oreille gauche
Rien
D'autre que le lobe
Délicat
Cent fois mordillé
Par son amant
Dont la jalousie
Etait comme un
Trophée
A sa faim

Elle exhibait ses
Bras
Veinés d'une végétation
Bleue tatouée
Qui ressemblait
A la flore de ses
Nerfs
Et quand elle tendait
La main
Vers le passant
On sentait le
Mépris suinter
Au bout de ses doigts

Avec la nuit
Elle buvait bière
Alcool
A même le goulot
Vomissant
Des phrases qui
Claquaient
Au vent comme des voiles
De yacht
Mal amarré
Et quand elle tombait
La tête sur le ventre
De son chien
Elle ramenait ses
Genoux
Sur son pubis
Comme pour le protéger
De l'obscurité

4 commentaires:

  1. Quel poème ! Il se glisse dans les interstices de l'ordre établi pour nous obliger à regarder la tranche de vie d'une gitane, d'une punk pauvre, d'une marginale , une exclue des petites boites bien rangées. Dans les deux premières strophes, la femme est une princesse barbare. Elle drape sa dignité par l'affirmation de sa beauté ,de sa sensualité. Elle mendie en reine, orgueilleuse, méprisante du gadjo ou du petit bourgeois. La dernière strophe donne un coup de poing violent avec la description de la déchéance. Il ne reste à la clocharde que l'angoisse, la solitude noyées dans l'ivresse, pour oublier la peur du noir nocturne maléfique. D'instinct , elle ramène ses genoux sur son pubis pour le protéger.Francesco propose une cruelle peinture d'une figure ordinaire du paysage urbain. Une marginale arbore le jour sa liberté provocante d'exclue, sombre, la nuit dans des flots de bière, d'alcool...Damned, « le no future for you » est sans issue....Le poème est très visuel. La beauté ciselée des deux premières strophes font danser Yasmine. Dans la dernière strophe, elles font tanguer et dégorger la danseuse . Une image apeurée terrifiante clôt l'histoire. « Des phrases qui
 claquaient
 au vent comme des voiles de yacht mal amarré » , cette comparaison m'a étonné et laissé perplexe, je crois que, par cette allégorie, le poète opère un rétablissement de valeur. Dans notre société, l'exclu , le SDF dérange fait tache, ici le yacht et ce qu'il symbolise choque.Ce poème réussit à dépeindre une cruelle réalité, à faire exister la femme, lui donner des attitudes « normales » dans ses jeux de séduction hautaine et, en même temps être un rêve, celui que la femme voudrait pouvoir vivre. Cette ambiguïté ajoute à l'impact du texte.

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  2. Vous me gratifiez d'un commentaire exhaustif. Merci pour votre lecture, malgré la période estivale. :)

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  3. On entend le tacatacatac des souliers des danseuses de flamenco.. Beau portrait !

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