jeudi 23 août 2012

L'heure du bain

Elle baignait son enfant dans
La vasque en grès rose
Lui murmurait des refrains
Improvisés vastes comme son
Cœur elle baignait le sang
De son sang les yeux de ses yeux
Dans une eau parfumée
Où la chair tendre s’amollissait
Comme la pulpe des doigts

Elle écoutait son propre sang
Battre au bord de ses
Tempes elle écoutait
Les souffles de son cœur
Marquer le pas elle en-
Tendait les pieds de son
Enfant baratter l’eau
Jusqu’à l’épaissir en
Bouillons d’écume

Dans le miroir elle se
Voyait nimbée de vapeur
Ses épaules penchées
Sur la vasque en grès
Rose et elle évitait de
Croiser le regard
De cette femme
Dont les cheveux coulaient
En torsades sur ses
Salières

Elle savonnait son enfant
Paisible sous le gant
Et elle freinait sa
Fébrilité la tête offerte
Au silence qui l’envahissait.

14 commentaires:

  1. Rarement vu de plus belle peinture de la mère et l'enfant...Chapeau très très bas, Francesco...Bon sang !

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  2. D'accord avec Michèle, mais je ne pense pas à la peinture, plutôt au cinéma, en vous lisantTrès beau.

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  3. Superbe en effet mais je me méfie des mères. Je ne m'en méfie pas, simplement ce sont des femmes - ce qui tombe sous le sens. (Bon sang, je m'enfonce.)Superbe, sauf la fin. Je m'attendais à un de ces drames dont vous avez le secret.

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  4. Marrant ces gens qui ont des ensemble sel et poivre en forme de gonzesse à poil...

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  5. Ah ben, le drame arrive quand il doit arriver. Je ne décide pas vraiment en fait. En tout cas, je ne force jamais. Cette fois, pas de drame.

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  6. Possible, on ne doit pas rencontrer les mêmes gens. :)

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  7. Monsieur Depluloin a le nez creux, il sent l'embrouille avec humour. Il a raison. Messire Pittau a bien du talent. Il peint un tableautin maniériste, stylisé à souhait , la vasque est de gré rose, l'eau est parfumée. Rien n'est trop beau pour baigner "le sang de son sang' "les yeux de ses yeux". La scène est d'une splendeur biblique, les pieds de l'enfant Roi barattent l'eau. L'amour maternel déborde du tableau avec une pittoresque magnificence. L'exultation de cette mère est divine , la peinture raphaélique . Mais, Pittau ne serait pas Francesco, si une fêlure n'apparaissait pas. Des fêlures de l'âme, il en est l'observateur attentif. C'est à cet endroit qu'il saisit l'humanité. C'est dans ses travers, qu'il l'aime. La fêlure pittauesque est bien là. Elle tape en sourdine . "le propre sang (de la femme) bat à ses tempes" , elle "écoute les souffles de son cœur battre le pas". La maternité, si maternité , il y eut, a du être rude. La femme n'a pas l'opulence d'un tableau de Rubens."Elle évitait de croiser le regard de cette femme dont les cheveux coulaient sur .....ses salières" , elle freinait sa fébrilité , la tête offerte (au châtiment?) ....au silence qui l'envahissait, elle a arrêté de chantonner des "refrains improvisés". Un terrible secret la rattrape, avec sa charge d'angoisse. Lequel? il est suggéré en creux. Il ne sera pas révélé.Il reste inscrit dans le creux des salières. Venez Médée ! Une de vos consœurs souffre ici d'un amour débordant...Vous le savez vous que l'amour est la haine sont les deux faces d'une même médaille, vous le savez que, quand la folie rode , tout devient possible, surtout le pire,

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  8. Au premier abord trop maniériste et puis c'est vrai une inquiétude sourde, car votre univers est parfois si sombre.Mais j'aime cette idée, si bien exprimé par le lecteur précédent "l'amour et la haine" si proche !

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  9. Les fêlures de l'être, me conviennent davantage que celles de l'âme, mais on s'est compris.

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  10. L'inquiétude sourde, sans doute. Univers si sombre, sans doute aussi. En tout cas, merci de me lire.

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  11. Maniériste ? Que non ! Raffiné, oui, élisabéthain, éventuellement ("My Sweet Lady Jane..."), non mais ! :)Peinture, pour moi, évidemment, comme Michèle. Vermeer, tiens.

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  12. Elisabéthain, Vermeer... tout ce que j'aime... :)

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