dimanche 19 août 2012

Rêver la brûlure

Dans la nuit le
Feu cavalait sur
L’horizon comme
Une bête effarouchée
Ravageant sur son
Passage
Les citronniers
Et les orangers assoupis
Les vignes vrillées
Et les figuiers aux
Feuilles plus larges
Que deux paumes
Epanouies

Il avait écarté
Le drap de lin
Qui le préservait de
La trop fraîche bouche
De la nuit
Il avait posé ses pieds
Calmes
Sur le ciment tiède
De la terrasse
Béante aux étoiles
Puis il avait avancé
Parmi les lapins tranquilles
Ecrasant des crottes
Qui exhalaient
Une odeur obstinée
De terres sèches et d’herbes
Arides

L’obscurité lui comprima
La poitrine entre ses mains
Constellées et il crut
Sentir sur son visage
Les aiguilles de l’incendie
Lointain

12 commentaires:

  1. Quel magnifique titre et quel poème !Je reste pour le moment avec toutes ces images très fortes. Vous êtes un grand faiseur d'images et de sons.Ce poème comme un acousmonium avec ses effets de masse, de relief, ses effets cinétiques, son mouvement proche/lointain...Cet été fut (est) encore un été de désastres. Je pense même s'il n'y avait ni citronniers, ni orangers, à la Catalogne, le piémont et une bonne partie du parc naturel de l'Albera partis en fumée, la plaine de l'Empurdan jusqu'à Figuères et une partie des versants Sud du Vallespir...

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  2. Je trouve, actuellement, des correspondances dans les travaux respectifs de Francesco Pittau et Anna de Sandre. L'un comme l'autre tente de cerner une vision « la vie rêvée » des gens simples, voire miséreux. La vie est un algorithme pris entre deux parenthèses, la finitude et l'oubli. L’instinct de conservation pousse à se battre pour repousser les deux termes de la parenthèse de l'existence. Elle se déroule dans un univers où réalité et rêves s’entremêlentCette vision me plaît bien. Elle est une réponse à la désespérance induite par la conscience de l'absurdité de la vie à laquelle, même si j'en suis convaincu, je ne me résous pas.J'aime bien leurs personnages en lutte .Je ne saurais pas dire, aussi bien que Michèle la force de ce poème, le galop furieux du feu ravageur qui hante le sommeil de l'homme. « le drap de lin qui le préserve de la trop fraîche bouche de la nuit » , » la terrasse béante aux étoiles, l'odeur obstinée de terres sèches et d'herbes arides,composent à grands traits naturalistes, le havre de paix où il repose, « les pieds calmes .Néanmoins, l'obscurité le comprime et il croit sentir « les aiguilles de l'incendie lointain »La communion avec la nature, la force qui puise son énergie dans un rapport élémentaire à la terre sont des thématiques récurrentes chez Francesco. L'humain est un être solitaire qui mène son combat sauvage de vie, avec ses ressources dont les plus solides racines sont terriennes.N'en déplaise à Michèle, ce poème n'est pas, à mon sens, un acousmonium mais il réussit à rendre perceptible la petite musique qui alerte l'homme dans son sommeil, le fait se lever. FP a l'art de composer des petits poèmes impressionnistes. La peinture est si précise que deux ou trois images, visuelles ou sonores suffisent à faire comprendre les sentiments des êtres qui y habitent, sans discours inutile.

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  3. Il me semble que ce n'est pas le premier poème de vous qui concerne le feu. Je me trompe ? Fidèle à votre univers.

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  4. j'adore ! tout est là..... cette cavalcade du feu en même temps que ce moment extatique, comme suspendu au milieu "des lapins tranquilles" entre "les mains constellées de l'obscurité", ...oui oui J'adore ce poème... j'saurais pas dire pourquoi peut-être ai-je rêvé d'incendies lointains dans mon enfance :)

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  5. Merci... effectivement, je suis très attentif à la sonorité de mes textes... je les mâche beaucoup en les écrivant. :)

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  6. Que dire après cette explication de texte...

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  7. Vous avez raison, FM... ce n'est pas la première fois que le feu est présent dans un de mes textes. Vous avez une bonne mémoire.

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  8. Merci Cloé... Je me demande si tout ça n'est pas un rêve commun au fond.

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  9. J'apprécie particulièrement celui-ci qui m'a fait revivre certains moments privilégiés que nous avons pu partager il y a environ 35 ans ! Merci.

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  10. Il y a 35 ans, certains moments privilégiés ? Nous nous connaissons donc ? Je cherche...

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  11. Nous avions pris un certain plaisir à créer des poèmes dont chaque rime était réalisée par une personne différente avec un résultat final assez surréaliste !

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  12. Ça me dit quelque chose effectivement...

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