lundi 15 juillet 2013

Le jusant



Il sent la mer monter en lui par saccades
Ecumeuses qui emportent sa gorge sa bouche
Et sa mémoire il sent la mer le submerger
L’éloigner de ces ruelles le tirer
Vers la plaine ravagée par le soleil
Il file dans la raideur des ombres si noires
Et si épaisses qu’il a l’impression
De pénétrer le ventre même de la montagne
Surplombant les toits incendiés

Il traîne ses pas dans la poussière
Plâtreuse écrasant au passage
Des bousiers des fourmis des insectes
Mordorés luisants comme des gouttes
De verre sur des ongles peints
Il court le souffle en morceaux longe
Le cimetière où les arbres bruissent
De conversations indéchiffrables

Dans le fossé d’herbes jaunes la bête
Pourrit ses dents plantées
Dans une proie invisible
Les pattes repliées l’oeil gris éclaté
— le silence irradie le mur de pierres
Et de ciment où les gestes du maçon
Sont inscrits en courbes raides
Croisées et recroisées sans fin
Comme des vagues contradictoires

2 commentaires:

  1. patrick verroust17 juillet 2013 à 01:02

    La pulsion de cette homme, envahi par la mer qui l'attire, irrésistiblement, lui fait traverser des paysages à la Dali, « la bête pourrit, ses dents plantées dans une proie invisible... », la nécessité impérieuse et mystérieuse qui le pousse à vivre cette odyssée, me fait songer au destin d'Ulysse, tel qu'il est dit par Tirésias. Après avoir retrouvé sa couche et ses droits d'autrefois,il devra repartir par delà les mers aller planter sa rame au loin jusqu'à ce que personne ne la reconnaisse plus et la planter là pour, après connaître l'heureuse vieillesse au milieu de peuples fortunés....L’Ulysse de Francesco Pittau est dans la fuite d'un cauchemar lancinant qui lui bat aux tempes, « il court le souffle en morceaux ». Sa voix des morts, son Tirésias, sont « les arbres qui bruissent de conversations indéchiffrables » et «  les gestes du maçon...inscrits en vagues contradictoires »...Trouvera t-il la paix ?le court,très court métrage de Francisco ne le dit pas mais la fuite est vivante, forte en images et en sons, avec la part de mystère qui sied aux bonnes histoires...

    RépondreSupprimer
  2. C'est une mer intérieure, rien d'autre.

    RépondreSupprimer