vendredi 22 novembre 2013

D'un côté puis de l'autre

Entre les lames
Des persiennes
La lune
Montre son sourire
De fer blanc
Et de marbre
Grêlé
Les citrons
Médiocres loupiotes
Luisent impassibles
Et les insectes
Nocturnes affairés
À des tâches têtues
Restent invisibles
Pour qui fouille
Le silence
Pour qui fouille
L’obscurité
Pour qui fouille
Et creuse l’oreiller
À la recherche d’une armée
D’ombres
À la quête d’un mot
Fuyant
À la découverte d’un paysage
Enchanteur
Où s’étendre et sentir
Couler la rumeur
Du sang
Telle une rivière
Tranquille
Entre les plis
Du drap
Frais par endroits
Et tiède à d’autres
De la chaleur
Du corps
Dénervé

Un lambeau de phrase
Colle au mur
Comme un lierre
Desséché
Et se délite
Sans bruit
Devient poudre
Infime
Sous la clarté
Finissante
Et l’inexorable cheminement
Vers la blancheur
Perle
Qui arrache
Les cours étroites
Les ruelles odorantes
Et les jardins mouillés
Des mains du néant
Fermé comme un œuf

2 commentaires:

  1. « D'un côté puis l'autre » exprime d'un côté un vécu nocturne poétisé mais de l'autre côté révèle la face cachée de la création poétique. « Le pauvre fou qui veille «  de Jules Laforgue est un cueilleur de sensations , un inventeur de métaphores « la lune montre son sourire de fer blanc », il est chasseur, pécheur de mots, il « fouille le silence...l’obscurité, à la recherche d'une armée d'ombre , à la quête d'un mot fuyant ». Celui qui se mêle d 'écrire appréciera ce 'fuyant » ,cette capacité des idées , des mots à s'échapper.Il arrange, creuse , met en scansion, le lit terrier où « s'étendre et sentir ... à la découverte d'un paysage enchanteur....le corps dénervé ». Labeur besogneux, périssable, travail de sable et de torchis  « un lambeau de phrase..se délite....devient poudre...inexorable cheminement qui arrache les cours étroites, les ruelles odorantes, les jardins mouillés ...des mains du néant fermé comme un œuf » ...les mots donnent du sens avant de s'effacer … le poète est un mendiant céleste, il guette « la blancheur perle » … il est à l’affût , insomniaque obstiné, il fait ,à l'aurore, lever un poème comme le boulanger faisait lever le pain nourricier.....D'un côté une poésie, de l'autre l'allégorie de la poésie....Pas mal !

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  2. Toujours exact au rendez-vous et toujours lecteur pointu.

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