jeudi 2 janvier 2014

La fin du jour

L’ombre s’ajoute à l’ombre
Sous la pluie
De feuilles
Imperturbable malgré la cloche
Tintant
Dans les lointains replis
De la montagne
Malgré le crépitement
Des branches sur le toit
En peau de tambour
Malgré l’heure immobile
D’un jour sans cesse naissant
Et toujours reporté

Les rêves épongent
La mémoire
Les sursauts de la nuit
Se font plus intenses
Et l’on oublie les torsades
Détrempées
Contre les vitres tremblantes
Les coups de fouet
De l’air
Les paroles rassurantes
Pour éloigner les fauves
Aux aguets

Mais l’ombre encore
Enlace le monde
De ses bras tièdes
Et le monde se dilue
Se liquéfie
S’amenuise
Jusqu’à n’être plus
Que flaque
Au fond d’une cuvette
Puis ombre de flaque
Dans l’ombre

4 commentaires:

  1. patrick verroust4 janvier 2014 à 00:41

    « La fin du jour », un bon début d'année....Au passage, j'en profite pour vous confirmer, si besoin, que les ouvrages Pittau-Gervais, Oxiseau, Naceo, les ouvrages à colorier ...enthousiasment leurs récipiendaires, les grands et les petits
    « La fin du monde » est pétrie de cette osmose chère à Francisco entre la nature et l'état de l'esprit.L'ombre règne « imperturbable », elle s'insinue partout,domine « les torsades de pluie ». Elle est propice aux rêves cauchemardesques qui « épongent » la mémoire. L'ombre se fait eau invisible jusqu'à la liquéfaction des perceptions réduites « à l'ombre de flaque dans l'ombre ». Le travail sur les sonorités, les sons en « e » donnent une légèreté particulière à ce poème. Il résonne comme une averse et s'insinue comme une ombre. Il dégage une délicatesse poétique qui fait que la mémoire épongée , malgré la tension, l'angoisse qui l'étreint semble se focaliser sur l'ombre et l'eau, la flaque jusqu'à , presque s'oublier....
    Bonne Année à vous !

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  2. Comment réussis-tu à donner une couleur de bronze doré au tintement de la cloche ?
    Merveille des mots assemblés de façon magique... :)
    (Pensées !)

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  3. Bonne année à vous, M. Verroust. Même avec un peu de retard. Et merci de me lire.

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  4. Ben, j'en sais rien, Sophie, mais si ça donne cette impression, je suis bien content.

    Merci. :)

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