mardi 4 novembre 2014

De demi-jour à demi-nuit

Il semble que le jour ne veuille pas se lever dans la chambre
qu’il s’attarde aux portes du sommeil comme un troupeau
laine à laine dans la stupeur paisible de la pluie qui passe le nez
entre les rideaux tirés soigneusement sur le monde

Aucun oiseau ne chante aucune voiture ne tremble aucun arbre ne frémit
sur ses pieds pourrissants la haie pourtant si vivace bouge
à peine les masques s’allongent sur les vitres nimbées
comme si les songes prenaient forme avec l’aube sale

Les souvenirs de soleil se sont effacés les chaleurs de l’été
se sont dissipées enfouies entre deux plis de la mémoire
telles des papiers annotés à l’ombre légère des bouleaux
tandis que les bêtes sont assoupies alentour

Seule la lampe sur le carrelage apporte son îlot de clarté
un trou dans la presque obscurité une prairie pour les yeux
une savane où les animaux de ton enfance galopent sans fatigue
écrasant sous leurs sabots des jonquilles et des tulipes perdues

Et si tu tends la main tu sens de nouveau leur fourrure palpiter sous tes doigts

4 commentaires:

  1. Au fil des billets, un roman, tissé en fils poétiques, construit sa trame. Il n'y a pas d'autres héros que la mémoire, l'enfance, la vie et ses torsades. l'intrigue se construit avec ses éclairs lumineux, bouées de sauvetage pour accepter ses mystères, les vicissitudes, l'inéluctable finitude....Pas mal, cette démarche !

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    1. Décidément, le temps passe, je néglige mon blog... heureusement, m'sieur Verroust, que vous êtes là pour le visiter. Merci.

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  2. L'écriture automatique, si chère aux surréalistes, ressemble un peu à ce joli texte, bravo !...

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