jeudi 5 février 2015

Il faut...

Il faut que tu fermes les yeux
sur les rideaux défraîchis
et la toile de l’araignée
qui semble respirer
à chaque fois que tu soupires
expulsant ainsi ton lot de rêves
et de voyages inaccomplis
ton barda d’humanité flouée
pareille à une motte de terre
dans une prairie labourée
par le pas des foules
— il faut que tu t’endormes
insoucieux insouciant
bouche scellée par le baiser
de la nuit qui descend
les mains à plat sur le bord
de la couette parsemée
de neiges et de fleurs
et de frissons infinis
que les mots ne peuvent
dessiner ou esquisser
sans les abîmer en rien

C’est l’aube déjà qui brame
et qui pousse ses troupeaux
sous ta fenêtre c’est l’aube
qui s’étire entre les maisons
rouges et jaunes jetant
sur les grands arbres
du séminaire des feux
pâlissants et des ombres
chaudes comme une caresse
au creux des reins
— sur le bouillon du lit
des fantômes s’assoient
avec aux lèvres des histoires
d’errance et d’armoires
où patientent les manteaux
vides et les chemises en attente
d’un souffle
avec des histoires de poussière
d’or et d’argiles sèches
qui conservent à tout jamais
l’empreinte des dents

2 commentaires:

  1. Un poème pour une résilience, une méthode pour chasser les effluves cauchemardesques de l'inconscient qui viennent troubler le sommeil. Le passé plombé qui pollue le présent.
    La forme du poème,aux accents hugoliens, se fait respiration lente . Les objets sont porteurs des sensations, la couette frissonne, le lit est un bouillon. riche trouvaille que ce bouillon placé là , il est le bol de potage des insomnies de l'enfance, il est la transition avec les fantômes conteurs. Habilement, Francesco Pittau transforme par la magie de son écriture poétique , la triste réalité des "manteaux vides..." en un conte apaisant avec un brin de nostalgie et de causticité." Les empreintes des dents sont conservées à tout jamais" , bien plus longtemps que la mémoire des morts qui ont agonisé là ou de celui en train de s'éteindre dans un dernier sommeil, en compagnie de la grande solitude....

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  2. Toujours fidèle au poste, monsieur Verroust. Merci. :)

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