dimanche 10 janvier 2016

Le rêve total

Tout sentait l’herbage et le foin
tout sentait la fleur
tout sentait le pelage dru
tout sentait la vanille au détour
de la route étincelante
tout sentait la mer et la chèvre
tout sentait le sable 
et la roche qui cuit impassible
dans l’éternité de l’après-midi
tout sentait la douceur de la brise
tout sentait le bitter éventé
tout sentait la bouteille vide
tout sentait le vin répandu
et la bête sur les braises
tout sentait la dame-jeanne
dans sa gangue tressée
tout sentait la sueur tout sentait le gras
tout sentait la poussière plaquée
au sol entre les buissons durs
et noirs comme des peaux
tout sentait les fruits talés 
la pastèque craquelée 
et les melons blessés qui saigne de l’eau
tout sentait l’ombre tiède
les barques endormies 
et la mort assoupie entre les arbres
ses pieds posés sur les feuilles
sèches et les scories de bois
tout sentait l’azur stupéfié
et les éclats de voix et la satisfaction
d’être repu quand le soleil soudain
donne des gifles à celui qui se dresse
et cherche la source et la bouchée
de fraîcheur mêlée d’insectes
tout sentait la nuit accrochée au flanc
des collines
tout sentait l’abîme le ravin le gouffre
les lèvres entrouvertes où la lune
glisse un doigt si frêle
qu’il se brise aussitôt
quand les bourriques broutent
une végétation épaisse et pénible
lorsque le soupir écume au loin.

3 commentaires:

  1. Réminiscences sardaignoises. ...puis Dieu créa la femme ! !!!

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    1. On dit sardes, m'sieur Verroust... et puis de toute façon, il y a là des images venues d'un peu partout, et même du Var ou de la Corse.

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  2. Et une châtaigne pour l’éditeur en ethnographie que je fus un temps."Sardaignoise" au lieu de "sardes", il y a de quoi chercher des noises. Est ce une vengeance à la sicilienne , il me tarde de le savoir!! Merci de la correction , méritée....

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