samedi 1 mai 2010

Je n'ai pas dormi pendant l'heure de la sieste

Le pied à peine
Posé sur la
Terrasse le soleil
M’a planté ses
Fourchettes dans les
Yeux

Je suis resté
Sans respirer une
Seconde
Puis le souffle
M’est revenu
Et j’ai senti
Le décor
S’ouvrir comme
Une main

Par-delà les
Chemises pendues
Dans la chaleur saisie
Par-
Delà l’horizon

A chaque ins-
Piration
Les fourchettes
S’enfonçaient davantage
Fouillant les
Orbites jusqu’au
Noyau

Fallait tenir
Sais pas pourquoi

Mais fallait
Tenir te-nir

L’horizon brûlait
Sans fumée
En tremblant

Et doucement très
Doucement les grilles
Tombaient
Sur mes yeux
Se refermaient sur
Le silence

Sur une obscurité
Pullulante

Me suis réfugié
Dans la maison
Où la pénombre
Prend à la
Gorge
Et assèche
La voix

J’ai voulu ne plus
Penser à rien

33 commentaires:

  1. Crucifié de lumière chaleur; de l'autre côté le sommeil comme une punition. Moment grinçant de l'heure creuse dans un sud implacable.Et encore du linge qui pend. Eh bien; j'aime.

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  2. Un sacré coup de fourchette!Mais queMange-t-onLà-bas...AutreQue des carbonades?

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  3. la violence du décor le matin au réveil, qui nous saisit, nous retourne et nous attendrit comme un bout de steak...j'aime beaucoup :)))

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  4. Moi, je préfère définitivement ce texte à tout "déjeuner de soleil".

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  5. "Z'aviez mangé une frite entre l'heure de midi ?" (sic).

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  6. A lire avec de bonnes ray-ban, au moins ! :)

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  7. Beau ! Très beau !"L'obscurité pullulante" mhmm

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  8. Dans la première strophe, la rapidité de l'attaque avec le pied à peine posé est bien montrée. On a l'impression que le personnage sort de table et qu'à son tour c'est lui qui subit des fourchettes. Ca donne un soleil-ogre, dévoreur, en appétit pervers.Le décor s'ouvrir comme une main : on est toujours avec cette notion de gigantisme. Le personnage est un enfant-proie pour cet instant."Fallait tenir, sais pas pourquoi". Ca aussi c'est fort. Parce qu'aussi, on se tient en "falloir vivre, et on ne sait pas pourquoi non plus.Et puis je vois l'horizon trembler sous la fournaise. Je suis presque dans un western à présent.L'attaque de la pénombre qui empêche un refuge apaisant et entier est bien trouvé.La dernière phrase me plaît bien aussi. Parce que pour moi, ne plus vouloir penser à rien, c'est donc ne pas y arriver et le savoir. C'est un constat anticipé d'échec.Vous m'emmerdez, Pittau. J'vais pas tartiner des comm' à l'infini à chaque fois. Mais bon. Vos textes me parlent à un point... Je ne sais pas pourquoi. Mais ils me parlent.

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  9. On dirait deux spécialistes des 12 cylindres en huit à plat sur le V, devant un modèle inconnu...(la fourchette dans les yeux, c'est du rugby ?)

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  10. @Vinosse : j'ai vu qu'un personnage dans l'texte, c'est qui l'deuxième ?

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  11. Vinosse, t'es génial.Francesco, ben... toi aussi. Ah là là.:0)

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  12. Aride.Je dois quand même vous avouer que vos cesures me laisse perplexe. Venant d'un autre que vous, je pourrais croire à une coquetterie pour se démarquer. Mais je ne peux pas vous soupçonner d'un truc pareil. Alors, quoi ?

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  13. @kouki. Sud implacable et linge. Punition. T'as tout pigé.@Vinosse. Du lapin aux pruneaux.@Mu LM. J'aime bien le "steak attendri" tel que vous l'évoquez.@Chr. Ça m' fait très plaisir.@datura. Cher lapin chasseur, j' parle du lapin aux pruneaux plus haut. :D@αяf. Qui vous a dit que c'est la marque d' mes lunettes ?@Isabelle C. Venant de vous, ça m' touche d'une façon particulière.@AdS. J'adore vous emmerder. J' trouve que vous tartinez bien. :))@Vinosse. Deux spécialistes ?... Sinon, pas rugby : bagarre de cour de récré : la fourchette, puis la brûlure indienne... :D@Sophie K. Y a qu'un génie dans l' coin, et c'est Vinosse.@FM. La perplexité est bonne pour l'esprit. Alors ? Alors, rien. Disons que j' suis coquet. :D

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  14. @ Francesco : D'abord je vous dis merci pour le lien. Cela me plait d'être chez vous à côté d'Anna. (vous apprenez vite la technique, vous. Pour un intello je veux dire :0)).Ensuite je reviens à la charge : A chaque ins-PirationCette césure par exemple, est-elle là pour que notre respiration se bloque à l'inspir ? Et celle-ci : Et doucement trèsDoucement les grillesest-ce pour ralentir le mouvement jusqu'à l'arrêt ? Vous disiez que votre travail d'illustrateur intervient dans la disposition de vos poèmes. De quelle manière ?(coquette, et puis quoi encore :0)).

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  15. J'ai dit 2 spécialistes, toi et Anna... Il me semble Vous Entendre communier ... sur le sujet!

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  16. @Vinosse : ouais, ça commence à m'agacer un tantinet d'ailleurs.

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  17. @Vinosse. Si on communie, en tout cas, tu donnes pas ta bénédiction.@AdS. Pour une femme, on dit une tantinette.

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  18. Vu que tout a été dit - que c'est beau! beau! - je relève juste "une tantinette"! :)

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  19. Encore une colonne vertébrale, des mots qui me font un peu mal (pas à cause des fourchettes dans les orbites, ça c'est pas grave), à cause du réel qu'ils donnent à voir. oui, voir.

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  20. @ Monch' : Oui, mais les génies de mes génies sont mes génies. Et chtoc.

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  21. @Depluloin. Relevez tout ce que vous voulez, vous êtes ici chez vous.@jibé. Ouais, j' voudrais faire une vertèbre après l'autre.@Sophie K. Mouahahahahahahah ! C'est génial. :)

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  22. @FM. J' vais essayer d' vous répondre un peu— une chose me casse les bonbons : l'immense et pelant marmonnement du français et son vieux ronron autour des 12 et 8 pieds... Y en a un paquet qui ont identifié ce ronron comme la "musique" du français, la Grandeur de la Langue Phrançaise... ben, moi, ce ronron y m'emmerde ferme. Alors, j'essaie de lui foutre un gnon de temps en temps. j' pourrais donner une explication plus circonstanciée mais ce serait lassant.

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  23. @ Francesco : Je suis assez d'accord, l'alexandrin et l'octosyllabe sont devenus des cercueils. Il n'empêche : tu es l'un des rares à savoir les maîtriser à fond, j'ai pu le constater, et ça, je trouve ça beau...;-)

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  24. De chevââl...Quand j'écrivais des poèmes, vers 1970, je me suis piqué, sans aucune influence extérieure, de les écrire en tous sens, coupés, tranchés, mots explosés et bridés les uns au-delà des autres, mais toujours avec un fil conducteur... Les 3 personnes qui les ont lus n'ont pas été frappés de mon génie...J'avais refait mon "Voyelles" personnel...

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  25. Qu'est-ce que vous lui avez fait au soleil pour qu'il vous pique de la fourchette ?Les lunettes de soleil, ça existe.Belle atmosphère très photographique et des mots qui atteignent en plein leur cible : les lecteurs !

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  26. euh.. . ici, on pourrait en lire un ou deux, des alexandrins de francesco Pittau?Des briques, des sonnets bien calés, empilés.Je plaisante un peu, mais je n'ai rien contre la forme classique. C'est aussi ailleurs que cela se joue.

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  27. Beau texte. Les images durent après la lecture !

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  28. La sieste est un art difficile, la poésie aussi. On ne peut pas maitriser les deux ;-)

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  29. C'est plus une sieste,c'est l'après midi qui y passe.T'auras plus sommeil ce soir !

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  30. @Sophie. Je sais pas quoi t' dire sans avoir l'air con. Peut-être que : justement cette certaine maîtrise m'a lassé.@Vinosse. Je l' dis tout l' temps qu' t'es un génie à bouillir.@jibé. Quand je disais que je n'aimais pas le ronron, j' suis bien conscient que d'autres l'utilisent d'une façon qui les satisfait. Et je lis un paquet de poèmes de facture "classique" sans que ça me gêne. Je parlais à un niveau personnel, pas d'une façon générale. J'aime beaucoup les inventions formelles de Queneau avec les mètres classiques, ou Supervielle qui n'est pas un grand inventeur à ce niveau-là.@Dominique Boudou. Ah, ça, ça m' plaît. @Blue Jam. Et je dors comme un bébé. :)@L..........................uC. Merde, juste au moment où j' commençais un chouette rêve !

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  31. "Je suis restéSans respirer uneSecondePuis le souffleM’est revenuEt j’ai sentiLe décorS’ouvrir commeUne main"J'adore, comme j'aurais aimé qu'elle fût mienne cette image là ! Bravo

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  32. Je n'utilise ni le 8, ni le 12. Mais j'aime en lire ou en découvrir d'ancienne facture. En poésie contemporaine, ça date, en effet, mais on peut quand même faire de belles découvertes comme Bernadette Throo par exemple, même si depuis le recueil "Ce peu de nous" paru chez Editinter en 98, sa poésie s'est affranchie de la rime et de la versification :Sais-tu ce que tu faisce qui en toi se faitquand tu restes des heures comme statue de plâtre au cœur de ce jardinavec ton livreque tu ne lis pas,tes lèvresqui ne s’ouvrent pas,tes mainsbonnes à rien ?Et tout ce temps que tu laisses couler tout ce temps qui ruisselleet se perd comme une eau hors d’un tuyau percé.Argile poreuse, ô ma vie,je ne veux pas enclore tes richesses dans la resserre avare de l’utileet des instants comptés(je l'avais lue votre réponse, mais comme vous ne vouliez pas aller plus loin, je n'ai pas voulu insister).

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