mardi 29 mars 2011

Trajectoire

La voix brûle
Encore au fond de
Sa tête voix
De glaires et de fumées
De mépris de colère
Colique qui dé-
Bondait parfois
En phrases hoquetées
Crispées comme un
Rat qu’on flambe

La voix se dé-
Chaîne depuis
Toujours raclant la
Chair
Même aux heures
Les plus tran-
Quilles
Dans une marmelade
De raucités et de
Fureurs inassouvies

La voix le poursuit
Encore dans le creux
De ses journées mal
Fichues le poursuit
Quand il arpente les
Rues assourdies
Les places épanouies
Quand l’odeur d’une
Maison lui reste dans
La gorge comme un dé-
Glutissement de papier
De verre
Qu’il crache alors
Dans l’eau morte
D’un caniveau

10 commentaires:

  1. J'aime bien imaginer "une tête voix"! Maintenant que j'ai découvert ton blog, je vais te suivre à la "lettre"!

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  2. FP nous fait vivre la trajectoire d'une détresse qui s'exprime à travers des hallucinations auditives obsédantes, continues. Le texte est rugueux, râpeux , à la mesure de la souffrance. Il nous la fait vivre de l'intérieur avec des mots difficiles à cracher . Les « R » sont nombreux, ils font grasseyer le poème,expriment l'effort pulmonaire nécessaire pour vidanger le trop plein de pensées sonores. L'homme pour expectorer ses voix doit aller les chercher au fond des poumons dans un magma glaireux comme lors d'une bronchique asthmatiforme. Cette douleur somatisée participe de la richesse du récit. A son habitude, FP produit un visuel, un moment de la vie de cet homme saisi en son état. Nous ne connaissons rien de son histoire. Mais, les symptômes offrent des présomptions de pistes. L'homme n'est, probablement, pas originellement fou . L'écoute de sa souffrance , de sa colère, de ses fureurs qui l'habitent et qu'il voudrait dire, nous apprend qu'il a vécu un traumatisme relationnel. La solitude , la coupure du monde le conduisent sur une trajectoire psychotique. Une trajectoire peut s'incurver, se modifier. Le choix de FP de ne pas enfermer l'homme dans une catégorie psychique ouvre la voie à une sortie de son enfermement pourvu que l'histoire soit prise en compte et qu'il y ait conciliation avec un environnement. J'aime bien cette démarche. Une approche plus « psy «  sera là ,quand ? C'est râpeux mais pas râpé.

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  3. Odeurs de cramé et visions de fumerolles. Maison dans la gorge. Coulée, échappée dans la durée de l'imparfait...A chacun de vos poèmes l'impression qu'on ne saurait aller plus loin...

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  4. Cela m'évoque des voix bien réelles, la colère, la rage, les accès de fureur auxquels on doit faire face parfois. Les phrases qui restent dans l'oreille, qui s'y logent, qui fermentent. La loghorrée des dominations.

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  5. Je suis épatée par ce portrait épuré et "en son" qui dit tout du propriétaire de cette voix, et de son irréductible refus. Immédiatement, l'image de tous ceux qu'on a pu croiser vient se caler dans la tête.

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  6. Le feu au début, l'eau (même morte) à la fin... :)

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  7. @Ch. Sanchez. Oui, ouch, effectivement, ça râpe.@JC. Salut, JC. Content de te voir ici. :)@patrick Verroust. Ah, que vous ayez déniché de la folie m'épate. @Michèle. Vous êtes très attentive aux "temps"... moi aussi d'ailleurs. :)@Luc. Alors, c'est toi qui laisses traîner des mégots ?...@FM. Logorrhée des dominations ? Ouf... j' sors mon dico puis j' vous réponds.@SophieK. Epatée ? Oh ben, c'est gentil Sophie... j' sais pas quoi dire là pour le coup.@Michèle. Oui. :)

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  8. A la lecture,Les voix hallucinatoires de cet homme m'ont semblé indiquer que de la folie le traverse. Ce qui n'en fait pas un fou mais un être en profonde détresse, sans écoute aucune,réduit à éructer.

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