mardi 10 mai 2011

La traque

Contre le mur
Instable de la
Neige sa voix
S’est fracassée
Taillant son souffle
Comme d’un coup de dents

Au fond de la nuit
Branlante une silhouette
Brutale a filé
A pétri l’herbe noyée
Dont les vagues arrivent
Aux hanches en un
Elan
Qui surprend toujours

L’homme a du sang sur
Ses gants de laine
Une larme de morve
Au bout du nez
Qu’il efface avec le cuir
De sa manche
Plus raide et rugueux
Que l’écorce d’un arbre

Il presse sa foulée
Il court à crever
Il sue sous le poil
Du bonnet
La graisse de la transpiration
L’enveloppe
Il plonge ses pas
Dans les empreintes
Que le vent  ensevelit

Dans sa course
Il perçoit le bat-
Tement chaotique
De son cœur écartelé

8 commentaires:

  1. La traque, du pur Pittau à l'état brut, cette façon de faire surgir une silhouette, de faire naître un personnage, de nous faire vivre ses émotions sans rien nous, dire de ce qui ,concrètement, se joue.Il travaille à grandes plâtrées d'images, « mur de neige » « herbes noyées » pour planter un décor qui dégage la violence des éléments et demande volonté et acharnement pour ouvrir une voie à qui veut passer .Cette violence traduit l'intensité des émotions et des enjeux, une histoire de vie et de mort. Les sons en « é » en « our » »en « e » courent,tout au long du poème, lui donnent son rythme, sa cadence « essoufflée », « chaotique », la force sauvage de la traque.Un vers long « la graisse de la transpiration » suffit à traduire l'effort surhumain, la nécessite de s'arracher et de s 'économiser ,tout à la fois. Dans bien des poèmes , Francisco Pittau nous fait, plus ou moins consciemment, prendre parti pour le héros dans une fraternelle et primitive solidarité avec le pourchassé ou simplement celui qui souffre. Ici , il y a deux protagonistes, deux êtres humains ou un homme un animal, une chasse est aussi une traque. Jack London, J.O Curwood ne sont pas loin. La mort rode, autour de qui ? du chassé, du chasseur ? qui fuit ? une victime, homme ou bête, un criminel ? Peu importe, il reste l'absolue et féroce nécessite de la survie de n'abandonner, jamais. Je connais de Francesco Pittau, peu ou prou, que ce que j'en découvre sur ce blog. J'ai l'impression que dans ce poème dense,dru, dur, il parle de sa traque, de sa chasse personnelle, de sa volonté passionnée de montrer l'humain tel qu'il le voit à « hauteur d'homme » ; J'ai envie de suivre ce regard, j'aime bien sa façon de fouailler, lucide et scrutatrice, attentive aux êtres et aux leçons de vie. Après une lecture de Pittau, rien n'est plus tout à fait pareil.Peut être un jour écrirais je un conte sur la chasse d'un solitaire de la Sicile à la Belgique !

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  2. Ah ben merde, c'est bien la première fois qu'un commentaire de Verroust est intéressant !
    (Quelqu'un usurpe son pseudo pour tester notre objectivité ou bien est-ce vraiment lui ?)

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  3. Bon, puisque tout a été dit (et bien dit)... J'ai vu un film recemment - la nuit des looups, je crois - ce poème me l'évoque.

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  4. @brigetoun. Ouf ! (merci)
    @patrick Verroust. Oui, le commentaire est judicieux. (Je fais très court)
    @AdS. C'est bien vous, AdS ? J'ai comme un doute, là...
    @FM. Des loups ?... Pourquoi pas... :)

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  5. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  6. AdS et(FP):
    Vous avez supputé juste. Moi,je suis un autre, donc pluriel,je l'avoue. Il est difficile de distinguer qui est l'un qui est l'autre. Quant à l'objectivité, je ne sais pas ce que sait, je n'y prétends pas, surtout pas ici. J'aurais imaginé que vous, non plus. Je ne cherche pas à être intéressant. J'espère, juste ne pas dire trop de conneries, et ne pas encombrer ou pire écraser le travail de l'auteur. J'aime le moment d'immersion intense qu'offre un commentaire fait au pied levé. Je conçois, tout à fait, que d'aucuns, auteurs ou lecteurs préfèrent s'en passer.Un blog n'a pas obligation à être ouvert, nul n'est obligé de lire. Il y a un espace d'expression ouvert, à chacun de trouver ses marques. Pour ma part, j'ai quelques règles de conduite.Je m'interdis de répondre à un poème par une expression poétique pour ne pas marcher sur les plates bandes de l'auteur, je fais d'un jet le commentaire que je ressens, je le balance, illico,sans y revenir. Je ne souhaite pas être le premier intervenant de façon à ne pas empiéter les expressions d'autrui.Mes interventions sont longues,un peu trop. Je constate qu'elles sont d'une durée constante, blog par blog ,sur certains blogs liminaires, concentrés (ce qui est un vrai plaisir) comme si j'avais besoin auteur par auteur, d'un temps et d'un nombre de mots fixes pour faire un travail d'obstétrique des émotions suscitées, propre et près du texte. Curieusement, je vous, suis gré d'avoir suscité cette réponse.

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  7. ADS:

    J'oublie le principal. Vous m'avez amusé, d'un bon rire simple et clair. Ce qui est, toujours, bon à prendre.

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