samedi 16 juillet 2011

Rêver la brûlure

Dans la nuit le
Feu courait sur
L’horizon comme
Une bête courbée
Sous le ciel dé-
Mesuré

L’enfant s’était levé
Réveillé par les
Lapins qui grignotaient
Et bougeaient par à-coups
Autour de lui

Ecrasant sous ses pieds
Nus des crottes  qui ex-
Halaient une odeur obstinée
De terres sèches et
D’herbes arides
Il s’était avancé
Jusqu’à la rambarde

L’obscurité lui serra
La poitrine entre ses mains
Fraîches et il crut
Sentir les aiguilles
De l’incendie sur son
Visage

7 commentaires:

  1. "Sentir les aiguilles
    De l'incendie sur son
    Visage"

    (Et ce titre magnifique - encore!)

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  2. Un instantané, bref, incandescent croqué d'une écriture précise. La première strophe décrit l'incendie qui court, inexorable et puissant. La force du cataclysme est traduite par une forme poétique proche de l'alexandrin. Elle en a le souffle. Les deux strophes suivantes sont un portrait naturaliste. Il décrit le réveil de l'enfant. Il dort dans un clapier, marche sur des crottes « qui exhalent une odeur de terre sèche et d'herbes arides ». L'ellipse est là pour dire la pauvreté, le dénuement de la terre et des hommes .Dans la dernière strophe, le gosse prend conscience de l'obscurité nocturne qui l’oppresse. A demi éveillé, il croit sentir les « aiguilles de l'incendie » sur son visage. La conscience,fataliste, du malheur qui court à l'horizon le pénètre, par sa respiration coupée, par les pores du visage, « ces rêves de brulure ».L'économie de ce poème, toute de rigueur ,de précision, lui donne un impact profond accentué par un sentiment de calme, l'absence de toute émotion dite. Notre imaginaire est, à la fois, focalisé et libéré. Ce poème ronfle comme l'incendie qui court avec une singulière sobriété d'expression.

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  3. toujours le feu
    jamais la même émotion
    c'est superbe
    j'aime particulièrement ces trois vers là

    Une bête courbée
    Sous le ciel dé-
    Mesuré

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  4. @Depluloin. Euh, merci. :)
    @patrick Verroust. Une forme poétique proche de l'alexandrin... je ne crois pas. C'est juste un balancement assez naturel de la langue française... un balancement que j'essaie de contrecarrer... Vous me direz que contrecarrer c'est en tenir compte. Bien sûr. Mais l'ignorer c'est le subir. J'essaie de ne pas trop le subir ce rythme monotone de l'alexandrin "caché"...
    @muriele. Merci. :)

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  5. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  6. FP: A la lecture des deux derniers poèmes publiés,ici, j'ai le sentiment que votre écriture évolue.Je ressens ce poème ci comme est une épure."la nuit qui vient" m'avait intrigué. J'en faisais deux lectures une première qui s'escamotait,me donnait l'impression d'un vécu poétique fort comme détaché du personnage. Dans "rêve de brulure" l'élan de l'écriture continue son chemin, longtemps, après la fin narrative qui apparait presque courte. Je précise que j'aime ces petites formes. Celle ci a un goût d'"y revenez y", comme un vin plein de promesses un peu court en bouche qui donne envie de le taster de nouveau.
    Il y a moins, dans ces derniers textes cette sensation de lutte harassante, vitale que vous traduisez souvent dans un style âpre , rugueux, à l'arrache qui est un peu, votre marque de fabrique.
    Alexandrin caché ou pas, vous avez, parfois des accents hugoliens avec des métaphores très personnelles qui donnent une sacrée puissance et de belles syncopes à vos textes courts, sans emphase ni pompe, loin de la monotonie, en tout cas.La créativité artistique s'approprie toutes les techniques sans préjugé.Voyez vous j'aime la poésie, ses étranges singularités si incommunicables parfois, que je ne m'en gargarise pas, systématiquement, comme certains cercles qui croient voir le saint esprit.Pour moi, le langage a une fonction d'expression mais de communication, aussi. Votre expression poétique me donne l'impression de rejoindre la qualité de la prose par sa compréhension immédiate qui saute à la gorge, la force du croquis. Vous réussissez la jonction entre deux formes d'écriture qu'on a tendance à séparer. Votre exigence, vos concentrés d'écriture, votre capacité narrative, font se mêler les deux genres. Vos textes flashés ont besoin de la poésie pour exister mais votre travail d 'écriture creuse son sillon, indifférent aux genres. Cent fois sur le métier, vous remettez votre ouvrage pour forcer les mots à dire ce que vous voulez qu'ils disent. Les mots sont gamins pas faciles à élever.
    Il est normal que l'écriture varie, y compris à l'insu ou contre la volonté de l'auteur. Vous manifestez une exigence rageuse quant à votre travail. Laissez le vous emporter, il a son propre cours. Mon propos n'a pas valeur de paroles d'évangile ni même pas d'expert...alors, s'il vous est utile tant mieux
    Je prends plaisir à vous lire , à immobiliser mes impressions, à chaud, par écrit.

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  7. @patrick Verroust. J'avoue que la poésie fermée sur elle-même m'ennuie. J'aime la poésie "narrative", celle qui ne se contente pas de faire jouer ses cymbales sur du vent.

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