dimanche 15 février 2015

Le retour des migrants

Sur ce quai solaire
dans l’odeur du chou
et du poisson qui se relâche
au milieu des valises
abasourdi par les cris
des enfants affamés
sur ce quai de fatigue
vacillant répétant
à satiété la ritournelle
désormais révolue
du tac-tactac-tac-tactac
des rails à travers
les neiges le froid
la buée sur les vitres
et la tiédeur soudaine
de l’aube abricot
sur ce quai balayé
par le souffle du sel
sur ce quai tu t’endormais
debout les yeux écarquillés
rêvant d’une île embrumée
et de chemins assis
où poser un pied sûr
entouré par les branches
et les futaies où la vie
est furtive et secrète

Il y avait eu la vapeur
des respirations accumulées
dans les voitures aux bancs
de bois gras verni
la chaleur de midi qui sèche
la voix
puis les démarches chaloupées
puis le bruissement
des paysages abîmés
dans l’obscurité ou détrempés
de lumière
il y avait eu tout cela
d’une manière confuse
et le caramel amer
de la défaite
que l’on suçait de nouveau
cette bataille perdue
des vaincus qui s’en vont
voûtés et reviennent
plus  voûtés encore
comme des maisons
qui s’écroulent
brique sur brique
brûlées de l’intérieur

2 commentaires:

  1. Empilement d'images sonores .....Une musique lancinante,migraineuse envahit le héros du poème....De la poésie, il y en a. Ce texte n'est pas que triste, il s'en dégage une énergie, celle peut être d'un rêve opiniâtre de bonheur "une île embrumée...les futaies où la vie est furtive et secrète"....Ce rêve se consume de l'intérieur "comme des maisons qui s'écroulent brique sur brique"...La force de cette image de défaite, une maison est une 'aspiration essentielle des migrants, laisse , néanmoins, un goût de caramel , certes amer....Il y a une morale, là derrière, peu importe la réussite ou la défaite, le voyage valait le coup d'être tenté...

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