lundi 25 mai 2015

Quelque part au mois d'août

Il roulait sous ses doigts les grains
de sable au fond de ses poches
dans l’épicerie sombre
et souterraine où l’on pesait
le riz à la tasse et le café
à la cuiller dans l’odeur mélangée
de l’huile et du vinaigre
loin du soleil qui massacre
et laisse pantois les jours
de canicule

Enfant de la chaleur et des pluies
enfant de la lumière et de la nuit
il traînait avec lui des songes
des rêveries de silence
et de haltes longues sous les arbres
à boire l’eau tiédie et à manger
le pain rassis et les olives noires

Ainsi regardant les mains vieilles
façonner le cornet de papier
gris pour le sucre et fermer
d’une torsade le sachet des pois
cassés il sentait l’océan
dévaler les marches de la boutique
il voyait la vague arriver
sans fléchir sur le carrelage
sombre et propre comme une pierre
volcanique

Le baiser du soleil sur son front
lui fut encore plus terrible
après la fraîcheur de l’épicerie
et ses pas lui semblèrent
s’enfoncer dans de l’étoupe en feu
les cailloux des talus éclataient
de douleur
des gens criaient au loin
à travers l’air minéral
et au fur et à mesure de la marche
le cornet troué  semait le sucre
dans la poussière plus légère
qu’un souffle de lézard.

3 commentaires:

  1. Enfant, dans ma cambrousse perdue, je ne me savais pas si bien observé....La NSA ,déjà? ...Qu'un poète sache mettre des mots sur ces instants les fait revivre avec tous leurs sucs....

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'étais là, bien sûr... et je vous regardais monsieur Verroust. :)

      Supprimer