dimanche 4 septembre 2011

Roulé-boulé

La pente était douce mais
Sèche sous ses pieds
Crispant os et muscles
De ses jambes jusqu’aux
Poumons contractés par
L’effort
Il ne s’abandonnait pas
A la pente se re-
Tenait ne laissait pas
Le paysage l’avaler
L’engloutir et le di-
Gérer comme un morceau
De roche ou une poignée de
Terre ocre il
Résistait des herbes
Cinglaient ses mollets en-
Travaient sa course mais il re-
Partait avec une vigueur ac-
Crue
La peau parcourue de coupures
Brûlantes

L’air pénétrait sa bouche
Ses narines faisait pleurer
Ses yeux qui ne distinguaient
Plus l’herbe haute au bas les
Buissons épais les trous
Dissimulés par les
Ronces ses yeux
Qui ne voyaient même
Plus la vie gourde au fond
Du goulet les sentiers
Comme des doigts qui se croisent

Derrière lui le bruit
Des herbes écrasées
Le bruit des branches
Brisées le bruit des cailloux
Entrechoqués le bruit
S’amplifiait
Tandis qu’un cri d’enfant
Blessé remplissait sa
Gorge

12 commentaires:

  1. T'as soigné tes césures dis donc! :-)

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  2. @Z. Oh, tu crois ? Bon, j' veux bien l' croire. :)

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  3. ...Encore une fuite éperdue,à flanc d'épouvante, dans la nature scarifiante. L'homme s'arrache, au-delà du possible ,à bout de souffle, il dompte la nature et ne se laissera pas rattraper sans combattre, il geint mais lutte. Son destin n'est pas inexorable,c'est lui qui l'écrit. Il veut s'en sortir. Le poème se déroule au rythme de la course, il halète avec elle. Les césures rares semblent marquer des ruptures de souffle, des points de côté,vite maitrisée.Francisco Pittau est comme un peintre qui cent fois sur la même toile remet l'ouvrage. Insensiblement, l'écriture s'affine,se précise,se dompte. Le temps d'un poème, l'histoire,avec les obsessions familières à l'auteur,devient seconde. FP est un écrivain poète de longue haleine, ses histoires sont précipitées, lui prend son temps pour les polir. J'ai l'impression que « Roulé boulé » est la réponse aux interrogations qui avaient surgi lors de la publication de « terres infinies »

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  4. C'est quoi ces hures ?
    ...
    (Nan ! pas la tournée !... T'as pas l'droit !)

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  5. Bientôt je saurai lire Pittau et mieux le savourer. En réalité faut-il lire ou n'écouter que les sons et laisser les images se dessiner?

    (Pourquoi Luc demande l'hure? L'es fou!)

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  6. Justement, j'arrive pas à me rappeler le nom du type qui chantait un truc comme: oulééé , bouléééé....

    (ter)

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  7. Ce qui m'apporte un plaisir immense dans ce poème, c'est la façon dont il est structuré :

    Dans la 1ère strophe (stance), c'est "La pente" le sujet qui commande :

    **************************
    La pente était douce mais
    Sèche sous ses pieds
    Crispant os et muscles
    De ses jambes jusqu’aux
    Poumons contractés par
    L’effort
    **************************

    mais très vite "Il" reprend la maîtrise, et l'avalanche de verbes est là pour donner force à la résistance à la pente :

    **************************
    Il ne s’abandonnait pas
    A la pente se re-
    Tenait ne laissait pas
    Le paysage l’avaler
    L’engloutir et le di-
    Gérer comme un morceau
    De roche ou une poignée de
    Terre ocre il
    Résistait des herbes
    Cinglaient ses mollets en-
    Travaient sa course mais il re-
    Partait avec une vigueur ac-
    Crue
    La peau parcourue de coupures
    Brûlantes
    *************************

    Dans la 2e stance où "L'air" commande, ("Il" est resté debout), nous avons un magnifique balancement binaire autour des "yeux" :

    *************************
    L’air pénétrait sa bouche
    Ses narines faisait pleurer
    Ses yeux qui ne distinguaient
    Plus l’herbe haute au bas les
    Buissons épais les trous
    Dissimulés par les
    Ronces ses yeux
    Qui ne voyaient même
    Plus la vie gourde au fond
    Du goulet les sentiers
    Comme des doigts qui se croisent
    *************************

    et dans la 3e stance, superbe :

    *************************
    Derrière lui le bruit
    Des herbes écrasées
    Le bruit des branches
    Brisées le bruit des cailloux
    Entrechoqués le bruit
    S’amplifiait
    Tandis qu’un cri d’enfant
    Blessé remplissait sa
    Gorge
    *************************

    nous avons cette répétition du "bruit" et l'acmé, avec les consonnes [b] et [r] : "le bruit des branches brisées" ;
    le [r] qui donne - comme le dit Gracq dans [En lisant, en écrivant] - des appuis et des étais, qui consolide l'articulation ; le [b] qui le fait vibrer.
    Le [b], consonne des débuts de la vie et du balbutiement : bébé, babil ; celle des premiers plaisirs qui passent par la bouche : le baiser, la bouffe ; et qui s'articule avec le [l] dans "blessé".

    Le [r] et le [l] qui courent et qui roulent, et se partagent en frères, le "Roulé-boulé" à décrire.

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  8. @patrick Verroust. Non, ce n'est une réponse aux interrogations sur le texte précédent. Les césures, la syntaxe, c'est une affaire "intime"... :)
    @Lamy. Jules ?
    @Depluloin. Vous faites comme vous l'entendez. :)
    @Vinosse. Pareil. Oublié. Ça m' dit kekkchozzz mais quoi ?
    @Michèle. Merci d'avoir remarqué la structure. Outre les césures, c'est une autre de mes "obsessions"...

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  9. en lisant ce poème, j'ai senti la traque d'un ennemi invisible, une épouvante et une fuite éperdue la chute enfin et cette acceptation de l'inévitable

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  10. mais M'man t'aurait: tu sais, la peur, ça n'évite pas le danger!!
    sourire

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  11. Pas de tapis mousse pour se réceptionner, advienne que pourra dans cet affrontement, la voix libérée servira de parachute, enfin, peut-être. J'adore votre parapente extrême, Francesco.

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  12. @Tootsie. Bienvenue. Pas faux du tout. Plutôt vrai même.
    @Frederique. Merci de passer chez moi. :)

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